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Les étranges fréquentations antisémites de la droite israélienne
Article mis en ligne le 21 février 2018

Depuis plusieurs années, Benjamin Netanyahou et le Likoud n’hésitent plus à franchir ce qui était autrefois une ligne rouge évidente : la proximité avec des dirigeants et des partis politiques européens et américains flirtant avec la xénophobie et le rejet des juifs.

C’était sans doute le symbole de trop. Le symbole trop évident d’une collusion qui aurait été jugée encore impensable il y a une quinzaine d’années en Israël : celle de la droite nationaliste israélienne avec la mouvance antisémite. Début septembre 2017, Yair Netanyahou, le fils du premier ministre, désireux de défendre son père contre diverses accusations, postait sur Facebook une caricature qui montrait le milliardaire George Soros en train de manipuler une créature reptilienne dirigeant une figure au nez crochu qui, elle-même, tire les ficelles de l’ancien chef de gouvernement travailliste Ehud Barak et de deux autres citoyens israéliens.

Si Yair Netanyahou, du haut de ses 26 ans et de ses études en histoire, philosophie et relations internationales à l’université hébraïque de Jérusalem, n’avait pas décodé le caractère profondément antisémite du dessin qu’il promouvait, les experts en la matière ne s’y sont pas trompés. Ainsi l’ancien grand sorcier américain du Ku Klux Klan et négationniste notoire David Duke tweetait : « Bienvenue au club, Yair, c’est extraordinaire, waouh ! » Quant au fondateur du site néonazi Daily Stormer, Andrew Anglin, il écrivait : « Yair Netanyahou est un vrai frangin. Bientôt, il va appeler au gazage. »

Mais ce faux pas de Yair Netanyahou qui, face au tollé provoqué en Israël et dans la communauté juive à travers le monde, avait retiré sa caricature au bout de quelques heures, ne surgit pas de nulle part. George Soros, d’origine juive hongroise, est un philanthrope qui finance nombre de mouvements et d’associations « libérales » (au sens économique et politique du terme). Il est par ailleurs opposé aux politiques d’annexion des territoires palestiniens par les Israéliens. Mais il est surtout devenu, depuis trois décennies, un des épouvantails favoris des sphères d’extrême droite sur la planète : la figure emblématique du riche juif qui cherche à influencer la marche du monde. (...)

Que les idées professées et financées par George Soros déplaisent à Netanyahou est une chose, mais que celui-ci en fasse à son tour un épouvantail et qu’il accoure à la rescousse de ceux qui manient avec plus ou moins de subtilité les antiques métaphores antisémites est significatif. Le premier ministre israélien a d’ailleurs remis le couvert en accusant début février 2018 Soros de se trouver derrière les manifestations lui demandant de renoncer à l’expulsion de migrants et demandeurs d’asile africains. Il n’a apporté aucune preuve de cette affirmation et Soros l’a démenti. Ce qui a conduit le journaliste israélien de Haaretz Chemi Shalev à dénoncer la rhétorique du patron du Likoud : « En se focalisant sur le Soros juif, Netanyahou se positionne avec son parti épaule contre épaule avec les ordures antisémites. Pire, il salit Israël. » (...)