
Autrefois présentée comme un moyen efficace de lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement, la microfinance connaît en Inde une crise liée à ses pratiques abusives.
Accusée par les autorités de l’Etat indien d’Andhra Pradesh d’être la cause en 2010 de dizaines de suicides de femmes s’étant trouvées dans l’incapacité de rembourser leurs emprunts, la microfinance a fait l’objet d’une intense campagne de critiques de la part des médias et de la classe politique. Des critiques qui ont donné lieu à une loi de régulation très contestée qui menace aujourd’hui son activité dans cette région de l’Inde.(...)
Le côté sensationnaliste de ces drames attribués à une activité jadis montrée en exemple, les troublantes similitudes avec la crise des Subprimes aux Etats-Unis, les profits faramineux de ces mêmes compagnies et l’absence totale de règles régissant ses activités sont autant d’éléments qui ont indigné l’opinion publique et aggravé une crise qui couvait depuis quelques années déjà.(...)
La microfinance parut être la panacée pour lutter efficacement contre la pauvreté en intégrant dans les systèmes économiques locaux des populations très pauvres qui allaient pouvoir subvenir à leurs besoins en se lançant dans de petites affaires ou allaient même créer des emplois et générer des revenus. 2005 a même été déclarée année du microcrédit par les Nations Unies, ce qui a contribué à favoriser l’essor de la microfinance qui a su attirer de nombreux donateurs et investisseurs qui massivement ont soutenu les organismes de microcrédits qu’ils soient ou non à but lucratif.(...)
Elle est apparue comme un nouveau moyen pour des investisseurs de faire du profit tout en faisant acte de philanthropie à travers la lutte contre la pauvreté, et pour des entreprises le moyen d’obtenir des rentabilités parfois meilleures que le secteur bancaire traditionnel.(...)
En réalité de pauvres paysannes souvent sans instruction et n’ayant jamais eu de revenus réguliers se sont vues octroyer de nombreux prêts par des organismes peu regardants sur leurs capacités de remboursement. Etranglées par toutes ces dettes elles s’en sont remises à des solutions désespérées qui ont défrayées la chronique dans les médias.(...)