
"La Colombie a signé un « accord de libre échange » avec les États Unis
qui est récemment entré en vigueur. Cet accord contient une clause qui
oblige les paysans à cultiver des « semences certifiées », c’est-à-dire
produites par les « sélectionneurs » comme … Monsanto ou Syngenta.
Pour
remplir cette « clause », l’Institut agroalimentaire colombien a publié
un texte – la résolution 970- qui menace d’amendes et de poursuites
judiciaires tout paysan qui continuerait de faire ce qu’il a toujours
fait : garder une partie de sa récolte pour ensemencer ses champs.
Depuis le 19 août, des dizaines de milliers de Colombiens – paysans,
étudiants, mineurs, chauffeurs routiers, médecins- se sont lancés dans
les rues pour dénoncer cette violation d’un droit humain fondamental :
celui de se nourrir soi-même. De violents affrontements ont eu lieu à
Bogota, où le président Santos a déclaré le couvre-feu et mobilisé 50
000 membres des forces armées et de la police militaire pour « mater les
vandales » et défendre la loi d’airain imposée par Monsanto et consorts.
Je connais bien la Colombie : cet immense pays à l’extraordinaire
biodiversité a la capacité de nourrir sa population, s’il laisse ses
paysans faire leur travail. Pour cela, il leur faut de la terre, et la
majorité d’entre eux en est privée. Si maintenant, on les empêche de
sélectionner leurs graines, c’en est fini de l’agriculture vivrière
colombienne.
Comme ce fut le cas au Mexique après l’entrée en vigueur de l’Accord de
libre échange nord-américain (l’ALENA), le pays sera envahi par les
produits agricoles bas de gamme et subventionnés des États Unis, les
magasins Walmart et autres chaînes de discount qui pousseront à la rue
des millions de petits paysans."
A voir film très éclairant de Marie-Monique Robin sur les "bienfaits" de
l’ALENA sur l’agriculture mexicaine (26 minutes)