Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Wakaatsera
Les défis des femmes politiques en Afrique !
Article mis en ligne le 1er mars 2019
dernière modification le 27 février 2019

Les femmes ont du mal à faire leur entrée en politique en Afrique. On a même l’impression qu’on les nomme juste pour plaire au bailleur et mimer une ouverture. Dans son article publié en collaboration avec Libre Afrique Susan Dodsworth, chargée de recherche au département de développement international de l’Université de Birmingham, explique, que certes, la nomination des femmes est plus faite par stratégie de communication que par conviction. Cependant, l’auteure note un lien entre la présence de femmes dans un Parlement et l’amélioration de la santé. La corrélation est peut-être excessive mais il faut faire des recherches pour mieux comprendre afin de pouvoir avoir des arguments solides permettant aux femmes de jouer un vrai rôle national.

L’intégration des femmes en politique progresse dans le monde entier, même en Afrique. Ainsi, en octobre dernier, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a été félicité pour son « leadership transformateur » après avoir nommé un nouveau groupe de ministres, dont la moitié étaient des femmes. Est-ce l’expression d’un changement des mentalités ?

Plus tôt en février, les législateurs égyptiens ont proposé de modifier la Constitution afin de garantir aux femmes 25% des sièges au Parlement national. S’il est approuvé, ce changement renforcerait considérablement la représentation politique des femmes égyptiennes. À l’heure actuelle, elles ne représentent que 15% de la législature. La représentation politique des femmes en Afrique varie énormément, comme le montrent l’Union interparlementaire et la carte des femmes en politique de l’ONU. Dans certains pays, notamment au Rwanda, en Ouganda et en Tanzanie, elles constituent une partie substantielle du corps législatif. Cependant, les femmes restent mal représentées dans beaucoup d’autres pays.

Des intentions douteuses (...)

L’impact des femmes sur le développement

On dit souvent que l’ouverture des postes de pouvoir politique aux femmes mènera à des politiques de développement plus efficaces et mieux exécutées. Maintenant, nous commençons à avoir assez de recul pour en voir les preuves. Par exemple, plusieurs études récentes montrent que l’amélioration de la représentation des femmes au parlement a un impact positif sur le secteur de la santé. Les politologues Amanda Clayton et Pär Zetterberg ont montré qu’une forte augmentation de la représentation parlementaire des femmes, après l’instauration d’un quota hommes-femmes, a tendance à être suivie d’une augmentation des dépenses publiques en matière de santé publique. D’autres chercheurs ont montré que l’augmentation du nombre de femmes au Parlement était associée à divers résultats positifs dans le domaine de la santé, notamment l’amélioration de l’espérance de vie des femmes et la réduction de la mortalité maternelle et infantile.

Ces impacts positifs sont notables et ont du sens. Il existe de nombreux débats sur ce qui constitue exactement une « affaire des femmes », mais il existe une bonne raison de placer la santé dans cette catégorie. (...)

Des questions persistent

Il y a cependant de mauvaises nouvelles. On ne sait toujours pas exactement comment se produisent ces impacts positifs sur le développement. Dans le cas d’une recherche montrant le lien entre les « chocs de quotas » et les dépenses de santé, par exemple, il existe une corrélation, mais les certitudes quant aux mécanismes de causalité restent discutables. Nous avons désespérément besoin de nouvelles recherches qui permettent de comprendre exactement comment les femmes en politique font ou pourraient faire la différence. C’est important pour justifier la poursuite de la campagne visant à accroître la représentation politique des femmes dans le monde. Cela permettrait également aux donateurs internationaux d’aider les femmes en politique à faire une différence. Il est difficile d’aider une personne à atteindre ses objectifs si vous ne voyez pas d’intérêt clair à la soutenir. (...)

Une compréhension plus fine du phénomène exigera beaucoup plus de recherche, y compris des recherches d’experts en Afrique. Une partie de ces connaissances existe déjà dans la région. En mettant les experts africains à la pointe des nouvelles recherches, nous aiderons la communauté internationale à développer des programmes allant au-delà du simple « ajout de femmes » à la scène politique. Cela aidera également les femmes politiques africaines à faire nettement la différence.