
Les collapsologues, qui jugent l’effondrement de notre société inéluctable, ont de plus en plus d’écho.
(...) A Lausanne, hier, le mouvement Extinction Rebellion organisait une conférence intitulée « Pourquoi allons-nous vers notre extinction et comment l’éviter ». « Nous vivons la sixième extinction de masse1 et sommes dans un tel stade de crise que l’humanité est en danger », nous explique Aymone Kaenzig, intervenante et membre d’Extinction Rebellion.
La thèse de l’effondrement du monde tel que nous le connaissons gagne du terrain. Les chercheurs français Pablo Servigne et Raphaël Stevens ont popularisé dès 2015 le néologisme « collapsologie ». Celui-ci décrit un processus au cours duquel la civilisation fondée sur les énergies fossiles s’effondre, entraînant dans sa chute les infrastructures, les chaînes d’approvisionnement. (...)
L’effondrement de la société avait déjà été théorisé en 1972, avec le rapport Meadows. A la demande du club de Rome, les chercheurs s’étaient penchés sur les conséquences de la croissance illimitée et prédisaient un effondrement des ressources et de l’économie dès 2030 et en 2100 au plus tard. Une thèse qu’ils confirmeront en 2004 avec la mise à jour de leurs données.
Les collapsologues prédisent la disparition de la moitié de la population mondiale. Leurs noires perspectives ne concernent pas les cent prochaines années, mais les années 2030 ou 2050. Soit demain. Ces conclusions ont de quoi donner le vertige, poussent à fermer son journal… Ou à tout faire pour renverser la balance, à l’instar des mouvements de lutte radicale. (...)
« Pour que les politiques s’emparent de la question, il faut continuer à faire changer l’opinion publique. Après les mobilisations des jeunes, cela commence à fonctionner, tous les partis s’expriment sur le vivant et le climat ». L’ingénieur Adrien Couzinier, lui, juge la mobilisation trop faible par rapport à l’ampleur de l’enjeu. « Il nous reste six mois ou peut-être deux ans pour agir. » Pour autant, il estime la résilience collective nécessaire. « Emotionnellement, découvrir l’effondrement nous rend fragile. Il faut s’inscrire dans des associations, mettre en place ensemble des alternatives, s’épanouir avec les autres », conclut-il.