
Le livre de Thomas Fontaine affiche clairement son intention : il ouvre un tombeau pour les cheminots victimes de la répression nazie et de ses alliés vichystes pendant la Seconde Guerre mondiale. Il se veut en quelque sorte leur cimetière et décentre le regard habituellement porté sur ceux qui travaillèrent pour la SNCF durant les années d’Occupation.
Car si on insiste souvent sur le rôle joué par cette entreprise dans la collaboration avec le nazisme, mettant à la disposition des autorités allemandes ses trains et ses hommes, les cheminots ont aussi été un des rouages essentiels de la Résistance intérieure. Plus largement, les multiples agents du transport ferroviaire ont payé un lourd tribut à la répression de l’occupant : plus de 2 000 d’entre eux sont morts en raison de la répression nazie, fusillés ou autrement exécutés de manière collective, auxquels s’ajoutent les presque 500 cheminots morts dans les maquis.
Les communistes et les autres
Le travail de Thomas Fontaine est remarquablement conduit. Il a coordonné une équipe d’une trentaine de contributeurs, historiens professionnels ou chercheurs indépendants, et signe une très bonne introduction qui met en perspective les biographies. Les statistiques fournies recoupent les caractéristiques générales des formes de la répression politique au cours de cette période. (...)
Une image de la Résistance en France
Ce livre mémorial permet aussi de voir saillir divers aspects de la condition ouvrière et de la répression par l’occupant, soit directement, soit en creux. Ainsi, la structure et la répartition selon l’âge des victimes de la répression donnent une mesure des formes du recrutement de la SNCF. Il en est de même pour l’origine géographique des victimes. Elle indique la densité du réseau ferroviaire à l’échelle locale, et surtout, elle explique en partie l’ampleur de la participation des cheminots à la Résistance selon un prisme régional. (...)
Biographies et archives
Ces considérations d’ordre général montrent combien cette somme constitue une ressource particulièrement riche pour l’analyse de la tragédie des destinées individuelles ou pour étayer la violence de l’occupation. Ce qui en fait un outil important pour toute personne travaillant aussi bien sur la résistance que sur le monde ouvrier. (...)
