La création du parc national des Calanques en mars 2012 a profondément divisé La Ciotat (Bouches-du-Rhône). La pression semblait retombée lorsqu’une poignée de Ciotadens découvrent que l’usine d’alumine de Gardanne déverse ses boues rouges dans la décharge du Mentaure.
Le secret était bien gardé même si l’ampleur du dépôt aurait fini par se voir, vu la noria de camions transportant ces déchets industriels dans la décharge d’ordures ménagères du Mentaure. Située à 270 mètres d’altitude, la décharge surplombe, d’un côté, La Ciotat et son réservoir d’eau, de l’autre, la ville de Cassis…
Involontairement, c’est la conférence de presse du 9 novembre 2012 organisée par les députés Verts européens, José Bové et Michèle Rivasi, qui a mis le feu aux poudres. Entourés d’associations écologistes et de journalistes, ils ont solennellement réclamé qu’il soit mis un terme au déversement de boues rouges… en mer, en 2013, soit deux ans avant le terme prévu (31 décembre 2015).
Mais pas un mot sur les boues rouges déversées sur terre. Représentant le comité écologique de La Ciotat, Béatrice de Crozet, qui fut à la pointe du combat contre le parc national, les informe que les boues rouges sont maintenant déversées sur la décharge du Mentaure, photos à l’appui. « Si les boues sont toxiques en mer, elles le sont aussi sur terre », dit-elle. Les écologistes pro-parc tombent des nues et les ennemis d’hier se sont alliés contre les boues rouges déversées sur terre et en mer. Dans la ville, plus personne n’ignore le problème, les élus et le parc national des calanques sont informés.
Fabrique du consentement
Briser le silence n’est pas une mince affaire, les poids lourds de l’industrie ont la manie du secret. Loin d’informer, les industries « communiquent » (...)
les boues rouges, comme la bauxaline®, ne se contentent pas de concentrer une radioactivité supérieure à la radioactivité naturelle. Les Ciotadens en colère qui sont allés faire des relevés de radioactivité sur la décharge du Mentaure l’ont fait constater. Les boues contiennent également des métaux lourds toxiques. L’usine affirme qu’elles n’en recèleraient presque plus, ou à des doses infimes, grâce à leur lessivage.
Une étude de 2002, commanditée par la Commission européenne et le ministère du travail italien, porte sur les rejets de deux usines, à Gardanne et en Sardaigne. Les chercheurs se sont rendus sur place pour prélever des échantillons de poussières et de sol dans les terrains environnant l’usine. (...)
Dans les conflits d’usage, l’État devrait normalement servir l’intérêt public.
Force est de constater que depuis les années 60, l’État a surtout servi les intérêts privés : en acceptant les rejets en mer au moindre coût (les effluents sont beaucoup moins taxés que les déchets), en se rangeant systématiquement du côté du comité scientifique de suivi, en cachant la vérité aux yeux du public, en se gardant les études sérieuses sous le sceau de la confidentialité…
Les questions au préfet, de la part de Ciotadens et de moi même, sont restées à ce jour sans réponse.
L’État a-t-il engagé de véritables recherches sur la toxicité de la bauxaline® ?
Y a-t-il eu une étude d’impact de la bauxaline® sur l’eau de surface et l’eau souterraine ?
Y a-t-il eu une étude d’impact sur la poussière ? (...)