
La crise financière qui a débuté en 2007 a bien montré la nécessité de contrôler les activités financières et de réduire leur importance. Les marchés financiers sont aveugles, avides, instables. Comme le disait naguère François Hollande : « Notre ennemi, c’est la finance ».
À l’intérieur de la finance, les banques ont une responsabilité particulière. Les banques ont des missions spécifiques, comme celle d’assurer le fonctionnement du système des paiements, ou celle de faire du crédit aux États comme aux ménages, entreprises et collectivités locales, qui ne peuvent aller sur les marchés financiers. Elles bénéficient de privilèges : l’accès au refinancement de la banque centrale et surtout la garantie publique, explicite (pour les petits dépôts), implicite en fait : les banques trop grosses pour faire faillite sont assurées d’être toujours sauvées par l’État.
Avant la crise, les banques se sont employées à contourner la législation en développant les engagements hors bilan. (...)
Depuis juin 2012, les instances européennes proposent de mettre en place une Union bancaire européenne. Toutes les banques européennes seraient supervisées par la BCE ; des procédures communes seraient mises en place en cas de difficulté d’une banque européenne pour que le coût de la faillite repose sur les actionnaires et les gros créanciers ; les banques devraient prévoir ces difficultés en mettant en place des filets de sécurité ; les ratios de capital devraient augmenter fortement. C’est certes un progrès. Mais ce projet n’allait pas au cœur du problème, à savoir l’élimination du lien entre la finance spéculative et les banques. La supervision par la BCE posait des problèmes démocratiques (l’activité bancaire doit-elle s’autocontrôler, entre banquiers, sans intervention des parlements et des peuples) et des problèmes de contenus : il n’était pas dit clairement que les banques devraient se consacrer à leurs tâches spécifiques. Elles conservaient le choix d’arbitrer entre leurs activités de crédit et leurs activités de marché.
Par deux fois, la Commission a fait des propositions allant dans le bon sens, permettant de lever l’ambiguïté, d’affamer la spéculation financière, d’augmenter la part du crédit. Dans les deux cas, le gouvernement français s’est rangé du côté du lobby bancaire français contre la Commission.(...)
sous la pression des banques françaises, le pays dont le président est l’ennemi de la finance, se bat maintenant bec et ongles contre le projet.(...)
Les « Économiste atterrés » dénoncent la collusion entre les autorités françaises et le lobby bancaire et défendent le principe de séparation stricte des activités de la banque de détail, tournées vers le financement de l’économie, et celles de la banque de marché, ces dernières étant largement responsables des prises de risque excessives qui ont conduit à la crise financière dont les conséquences économiques et sociales ont été dévastatrices. Ils considèrent que le projet présenté par Michel Barnier va dans le bon sens, même s’il ne va pas assez loin. (...)