
A l’entrée de l’ancienne Ecole de santé militaire de Lyon, qui abrite aujourd’hui la Maison Rhône-Alpes des sciences de l’homme et le Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation, est apposée une plaque : « Ici, en 1943 et 1944, la Gestapo nazie, aidée par des traîtres, a torturé des milliers de résistants et d’otages, avant leur mort ou leur déportation. Leur sacrifice permit la libération de la France. » Là, rappelle Henri Michel, Jean Moulin fut torturé. Transféré à Paris puis vers l’Allemagne, le président du Conseil national de la Résistance mourut le corps broyé, sans avoir parlé, en un lieu indéterminé. Peut-être en gare de Metz ou sur le territoire du Reich. Il fut incinéré à Paris, en catimini, et ses cendres conservées sous le numéro 10 137.
Albert Camus, dans le Combat de la Libération, décrivit les sentiments qui animaient ceux qui rendirent à la France son honneur en même temps qu’un avenir : « On ne peut pas espérer que les hommes qui ont lutté quatre ans dans le silence et des jours entiers dans le fracas du ciel et des fusils, consentent à voir revenir les forces de la démission et de l’injustice sous quelque forme que ce soit. » Tel fut l’espoir sur lequel s’opéra la reconstruction de la République. Nous vivons des temps brouillés et il faut bien se rendre compte que cette espérance a vécu. La société nouvelle, issue de la fin des illusions et des ébranlements de la crise, propose, pour le simple plaisir de l’exercice, d’ajouter les révisions aux abandons. Ce n’est pas d’ailleurs qu’elle ait toujours des opinions bien définies. Simplement, une attirance, semblable à celle du vide, pour l’effet médiatique, permet que soit impudemment posée toute assertion susceptible de rencontrer un écho. (...)
Jean Moulin
artiste, préfet, résistant, 1899-1943
de Christine Levisse-Touzé, Dominique Veillon
chez Tallandier
« Je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger. »
Jean Moulin
Qui était vraiment Jean Moulin ? Dans la mémoire des Français, Jean Moulin incarne le héros par excellence. Unificateur de la résistance, représentant personnel du général de Gaulle dans la France occupée, Jean Moulin conduit sa mission jusqu’au sacrifice de sa vie.
Au-delà des clichés, grâce à cet album richement illustré, on découvre un Jean Moulin attaché à sa Provence natale, sportif, aimant la vie et les femmes, doué d’un joli coup de crayon, et marchand d’art. Appuyé par plus de cent photos, lettres, documents, dessins et peintures, montrés ici pour la première fois, se dégage l’itinéraire singulier d’un républicain, haut fonctionnaire, homme de gauche, préfet, et dès juin 1940, farouche opposant à l’occupant nazi.
Un Jean Moulin intime nous est révélé.
« C’est la raison d’être de ce livre d’insuffler le frémissement de la vie à ce nom prestigieux grâce à l’apport de collections jusque-là conservées au sein de la famille et que j’avais eu le privilège de consulter pour mon travail sur celui dont je fus le secrétaire pendant dix-huit mois. »
Daniel Cordier
« Le 17 juin 1940, épargné par la mort, le patriote qu’il était devenait un adversaire irréductible de l’occupant nazi et muait en rebelle. »
Jean-Pierre Azéma
Collection(s) : Biographie