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« Les Etats-Unis et la bourgeoisie égyptienne ne vont pas soutenir le mouvement démocratique dans le pays »
Entretien avec Samir Amin, directeur du Forum du tiers-monde (Dakar) et président du Forum mondial des alternatives (FMA).
Article mis en ligne le 10 avril 2011

Il faut être clair : les Etats-Unis et la bourgeoisie égyptienne ne vont pas soutenir le mouvement démocratique dans le pays. Au contraire, ils vont tout mettre en oeuvre pour le faire avorter. Ils ne peuvent accepter une Egypte démocratique car elle serait trop dangereuse à leurs yeux. Le mouvement qui s’est amorcé à partir du 25 janvier dans le pays n’est pas à proprement parler révolutionnaire, mais il comporte cependant des avancées révolutionnaires. C’est un mouvement puissant, démocratique, anti-impérialiste et à tendance sociale forte. Il réunit toutes ces dynamiques en même temps.

Les forces principales à l’œuvre pendant les mois de janvier et de février étaient de gauche. Elles ont démontré qu’elles avaient un écho populaire gigantesque puisqu’elles sont arrivées à entraîner 15 millions de manifestants à travers le pays !

Les jeunes, les communistes, des fractions des classes moyennes démocratiques composent la colonne vertébrale de ce mouvement. Les Frères musulmans et le courant islamiste ne l’ont rejoint que tardivement, et par opportunisme. Ils l’avaient dénoncé au départ, considérant qu’il était voué à l’échec. Mais quand ils ont en vu la force, ils l’ont rejoint.

Le bloc réactionnaire est constitué par la direction de l’armée, la bourgeoisie comprador (que représentait le parti de Hosni Moubarak) et les Frères musulmans. Ce bloc est soutenu par les pays du Golfe et les Etats-Unis.(...)

Le modèle politique que souhaitent développer le bloc réactionnaire et les Etats-Unis est le modèle pakistanais. C’est-à-dire une société où l’armée est en retrait, tout en ayant toujours le dernier mot, et où le gouvernement est occupé par les islamistes. Le gouvernement actuel est en train de prendre les mesures électorales qui leur garantiront la majorité et qui écarteront la gauche du pouvoir. Il faut aussi savoir qu’il développe des politiques fortement antisociales. Une loi antigrève vient d’être votée. Dans cette nouvelle Egypte, les grévistes seront passibles d’un an de prison.(...)

Le référendum a été organisé par ses soins et il proposait des changements sans grande importance. Alors que le mouvement disait « à bas le régime, à bas la Constitution », les électeurs étaient seulement appelés à se prononcer sur de légères modifications de l’actuelle Constitution(...)

L’article le plus important est celui qui ouvre la voie à un processus de transition concret : des élections législatives auront lieu dans les six mois, et un comité de cent sages rédigera la future Constitution. Qui en fera partie ? Ce n’est pas clair.(...)

Le modèle politique que souhaitent développer le bloc réactionnaire et les Etats-Unis est le modèle pakistanais. C’est-à-dire une société où l’armée est en retrait, tout en ayant toujours le dernier mot, et où le gouvernement est occupé par les islamistes. Le gouvernement actuel est en train de prendre les mesures électorales qui leur garantiront la majorité et qui écarteront la gauche du pouvoir. Il faut aussi savoir qu’il développe des politiques fortement antisociales. Une loi antigrève vient d’être votée. Dans cette nouvelle Egypte, les grévistes seront passibles d’un an de prison.Le modèle politique que souhaitent développer le bloc réactionnaire et les Etats-Unis est le modèle pakistanais. C’est-à-dire une société où l’armée est en retrait, tout en ayant toujours le dernier mot, et où le gouvernement est occupé par les islamistes. Le gouvernement actuel est en train de prendre les mesures électorales qui leur garantiront la majorité et qui écarteront la gauche du pouvoir. Il faut aussi savoir qu’il développe des politiques fortement antisociales. Une loi antigrève vient d’être votée. Dans cette nouvelle Egypte, les grévistes seront passibles d’un an de prison.(...)

Face à cela, les jeunes, la gauche historique égyptienne et des fractions des classes moyennes qui se sont détachées des perspectives d’un gouvernement islamiste tentent de s’organiser.(...)

Les Etats-Unis veulent répéter ce qui s’est passé aux Philippines en en Indonésie : tout changer pour que rien ne change ! (...)

garantir la mise en place de gouvernements alignés sur le néolibéralisme et les intérêts de leur politique étrangère. Pour eux, l’Egypte doit impérativement rester dans leur camp.(...)

A court terme, ce plan va malheureusement marcher. Il y aura très probablement une majorité islamiste au prochain Parlement en septembre ou en octobre.(...)

L’impérialisme se fiche totalement de la démocratie en Libye. Le principe fondamental est que toute intervention militaire des forces occidentales - maintenant de l’Otan - dans les affaires d’un pays du Sud, sous n’importe quel prétexte (même lorsqu’il est juste), doit être proscrite. Ce n’est pas comme cela qu’on règle les problèmes. Au contraire, on les aggrave. Nous l’avons vu en Irak. D’ailleurs, cette intervention n’est pas populaire dans le monde arabe.(...)

Les Occidentaux installeront des laquais au pouvoir. Peut être prévoiront-ils même une partition du pays. Je suis étonné de voir que la gauche européenne, même radicale, ne parle plus d’impérialisme. On perd de vue l’objectif fondamental de cette intervention : le pétrole. Certes les pays occidentaux le contrôlaient déjà, mais, avec Kadhafi, ils n’étaient jamais sûrs de rien. (...)

Parler d’un droit international fondé sur le respect des droits élémentaires, c’est raconter une histoire aux enfants. On peut ajouter à cela le phénomène du deux poids deux mesures. Que font les Occidentaux contre les bombardements israéliens en Palestine ?(...)

Le bon positionnement dans la guerre civile en Libye est de ne pas intervenir. Il faut favoriser l’implication des pays de la région. Les Africains et les Arabes doivent être mis devant leurs responsabilités. Il faut des brigades internationales. C’est très différent d’une intervention des Etats, surtout lorsqu’il s’agit de ceux des pays impérialistes. Dans l’immédiat, il faut mettre un terme à l’intervention et laisser les pays de l’Union africaine et de la Ligue arabe forcer une négociation. C’est à eux de régler leurs problèmes. (...)

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