
Une infirmière mosellane qui a travaillé de nuit à l’hôpital pendant vingt-huit ans a obtenu la reconnaissance de son cancer du sein comme maladie professionnelle. Une décision inédite, en phase avec les études scientifiques sur les risques du travail nocturne. (...)
Ancienne infirmière à l’hôpital de Sarreguemines (Moselle), aujourd’hui retraitée, Martine sait à l’unité près combien de nuits elle a passé au travail : 873, au cours de vingt-huit années de gardes, en cardiologie et en gynécologie. Le reste du temps, la soignante travaillait le matin ou l’après-midi, alternant les trois, parfois dans la même semaine. En 2009, Martine, qui souhaite que son nom ne soit pas publié, se dit qu’elle va souffler : à 48 ans, elle obtient de travailler de jour et aspire à une vie normale. (...)
Espoirs douchés quand elle apprend peu après qu’elle souffre d’un cancer du sein. Quatorze ans plus tard, la sexagénaire a obtenu que cette pathologie soit reconnue comme une maladie professionnelle liée à ses années de travail de nuit. Une décision inédite, qui ouvre droit à une indemnisation et marque une victoire plus que symbolique : la CFDT des mineurs de Lorraine se bat depuis plus de cinq ans pour alerter sur les facteurs professionnels du cancer du sein. (...)
« Ça remet un peu de peps dans notre combat », commente cette aide-soignante en retraite, membre du syndicat. En binôme avec Brigitte Clément, elle aussi syndicaliste, elle a aidé Martine à constituer son dossier. (...)
Josiane Clavelin est une lanceuse d’alerte. Dans les années 1990 et 2000, la retraitée exerce à l’hôpital de Freyming-Merlebach. Autour d’elle, des dizaines d’infirmières et d’aides-soignantes développent des tumeurs malignes au sein. La plupart ne présentent aucun facteur de risque connu dans leur vie personnelle : antécédents génétiques, sédentarité, alcool… Josiane Clavelin a très tôt l’intuition que le cancer du sein, multifactoriel, peut prospérer sur des causes professionnelles. (...)