
Le 29 mai dernier, les gouvernements belges et français ont demandé à la Commission européenne de proroger jusqu’à la fin de l’année et de porter à 55 milliards d’euros (soit 2,8 % du PIB français) les garanties publiques offertes à la banque franco-belge Dexia pour lui éviter la faillite
(...) Bien que dépourvus de toute expérience du marché et de la concurrence, ils se sont imaginés, à partir de la fin des années 1980, que, puisqu’ils avaient été bons élèves à l’école pendant leur adolescence et qu’ils avaient passé avec succès des concours très difficiles à l’âge de 20 ans, ils allaient pouvoir sans problème faire des miracles sur le marché mondial si on les propulsait du jour au lendemain à la tête de grandes entreprises nouvellement privatisées. Mais quand les clients, les fournisseurs et les banquiers n’ont plus été des copains de promo de l’ENA, les choses se sont rapidement gâtées… (...)
Les effets de cette mégalomanie et de cette incompétence de nombreux dirigeants de grandes entreprises ont été notablement aggravés par la faiblesse des contre-pouvoirs dans la gouvernance d’entreprise à la française. Au sein des conseils d’administration, ces dirigeants se sont arrangés pour placer leurs semblables afin d’être sûrs de ne pas être embêtés selon le bon vieux principe du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ». Quant aux représentants des salariés, ils disposent en France de pouvoirs très limités vis-à-vis des directions d’entreprises. (...)
Combien de centaines de milliards d’euros d’argent public et privé, de chômeurs et de pauvres supplémentaires ces dirigeants incompétents nous auront-ils coûté depuis vingt ans ? On n’arrivera bien sûr jamais à le mesurer précisément mais pour redresser l’économie du pays, ce n’est à coup sûr pas seulement ni principalement au bas de l’échelle qu’il faut changer des choses en profondeur. Comme on dit en effet : « Le poisson pourrit par la tête. » (...)