
Roy me regarde avec l’œil électrique des prolétaires anglais dans les films inquiétants. C’est qu’il a bu.
Il me parle de la fin du monde. C’est pour bientôt. Je le crois sur parole. Avec le gaz de shit et l’exploitation du sous-sol, nous allons disparaître. Les Américains en premier bien sûr, en conduisant leurs grosses voitures. En décembre 2012, nous partirons. Ou après, les calendriers Incas et Mayas divergent. Et dix verges, comme disait le maître, c’est énorme.
J’imagine le jour d’après. Le premier jour de la disparition de la moindre trace humaine. Plus d’océan de plastique flottant dans le Pacifique. Plus de bouteille de verre nulle part, pas de cannette dans mon jardin. Pas de jardin non plus. Juste un monde vierge sans vestige, un nouveau continent ou des milliers d’îles, au bonheur de la tectonique des plaques dont nous n’aurons jamais eu raison. Les papillons géants survolent les forêts au-dessus de ce qui fût Fukushima. Pas un Nikon pour en garder la trace. Tout est broyé là-dessous, rien ne se perd tout se transforme, mais qu’on ne cherche pas les hommes comme on cherche les dinosaures.
Evanouis, broyés, poussières etc.
Quel bonheur d’imaginer ce milliard d’années loin des bibliothèques ou des soucoupes volantes, quand l’innocence des débuts contraste tant avec les camping-cars dans les Alpes (je précise que je suis en vacances dans les Alpes et j’ose ramener mes lecteurs à un certain pragmatisme). Un monde sans camping-car serait à coup sûr un monde meilleur. (...)