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Le numérique et la robotique en psychanalyse
LE NUMÉRIQUE ET LA ROBOTIQUE EN PSYCHANALYSE : DU SUJET VIRTUEL AU SUJET AUGMENTÉ Frédéric Tordo Éditeur : L’HARMATTAN
Article mis en ligne le 3 mai 2017
dernière modification le 26 avril 2017

Frédéric Tordo (*) fait partie des quelques psychanalystes qui, comme Serge Tisseron, tentent de théoriser l’usage des outils numériques dans leur clinique. Premier ouvrage de l’auteur, le numérique et la robotique en psychanalyse est un livre important dans ce domaine en voie d’émergence par son ambition affichée.

Comment aborder le numérique ?

On peut considérer qu’il existe, globalement, deux façons d’aborder le sujet du numérique en psychanalyse, correspondant précisément aux définitions que l’on donne à ce terme de « sujet » dans cette discipline. Autrement dit, deux façons d’aborder le champ du numérique, suivant que l’on fait usage de la théorie lacanienne du sujet ou non. Ainsi certains auteurs partent de l’aspect mathématique du numérique, et analysent les potentiels effets de la révolution numérique sur le langage, donc sur le sujet, étant donné que la question du sujet de l’inconscient est intimement liée à celle du langage chez Lacan. (...)

D’autres auteurs choisissent au contraire d’étudier nos relations avec les objets numériques, d’analyser ainsi leurs effets psychologiques sur un sujet. Ils s’intéressent alors aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux ou encore aux robots, pour saisir leurs éventuelles incidences sur les dimensions tant psychique que sociale. C’est dans cette perspective que s’inscrit Frédéric Tordo.

Les deux approches sont intéressantes. Il est certain qu’elles vont différer sur la question du langage, ou sur leur définition du sujet. Mais toutes deux peuvent se rejoindre sur la question du virtuel. Le virtuel pourrait même être une sorte de trait d’union, dans le sens où il permet d’aborder à la fois la question de l’image, mais aussi celle du langage à travers la dimension de simulation du virtuel, comme le fait justement Christian Flavigny. Les images numériques sont produites à partir de langages informatiques. La numérisation du monde étant ce mouvement actuel où tout objet (texte, musique, vidéo) peut se voir transformer en ce nouvel équivalent général qu’est le code, après la monnaie.

Si certains livres sont régulièrement structurés autour d’une sorte de « pour ou contre », ou « quels dangers avec… », le parti-pris est ici, résolument, de poser la question du comment utiliser le numérique, à bon escient, dans une cure psychanalytique, et partant de là, de se donner les moyens de penser cet usage.

Le virtuel psychique ?
C’est à partir du concept de « virtuel psychique » que F. Tordo entreprend de théoriser cette question. (...)

L’idée majeure de l’auteur sera de penser, avec ce virtuel, une sorte de boucle réflexive au sein de laquelle le sujet va pouvoir se réapproprier sa propre expérience à différents niveaux, au cours d’un travail de subjectivation porté par une psychothérapie. Cette boucle réflexive rappellera par la suite la boucle informationnelle, qui se met en place à l’extérieur lorsqu’un sujet se connecte avec une machine numérique.
F. Tordo s’inscrit à la fois dans le courant de la psychanalyse qui cherche à mettre en avant la notion d’empathie, en s’appuyant notamment sur les neurosciences, et dans le courant qui valorise la notion de réflexivité, à partir de Nicolas Abraham ou encore René Roussillon. Il propose de son côté une théorisation originale (notamment à travers une notion appelée Autrui-en-soi) qui répond aux problématiques de la subjectivation, que l’auteur a rencontrées dans sa fréquentation des pathologies limites. (...)