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Le néolibéralisme et la fin de la réduction du temps de travail
Article mis en ligne le 26 février 2012
dernière modification le 22 février 2012

Tandis qu’au cours des crises précédentes la réduction du temps de travail était discutée comme une mesure propre à combattre la croissance du chômage, une caractéristique frappante de la crise économique – qui a débuté en 2007 ­ – réside dans le fait que la réduction des horaires de travail ne se trouve dans aucun « agenda politique ». Pas même en France et en Allemagne, deux pays qui furent champions de la réduction du temps de travail introduisant – partiellement et avec des mesures de flexibilisation – la semaine de 35 heures au cours des années 1980 et 1990 pour faire face à un taux de chômage élevé.

Il s’agit bien d’un des traits les plus remarquables de la crise présente ; cela d’autant plus que l’introduction temporaire d’un temps de travail réduit au cours des crises dans de nombreux pays européens a, en fait, prouvé que la réduction du temps de travail était un instrument effectif pour éviter le chômage (même si cela n’affecte pas la croissance des inégalités résultant du maintien d’un régime capitaliste) [1].

Alors que le capital européen a accepté la réduction du temps de travail au cours de la première phase de la crise [années 1974-1975 et 1980-1981], les employeurs ont rapidement réintroduit leurs revendications d’un allongement des horaires de travail et d’une plus grande flexibilité alors que la croissance a commencé à se redresser, un peu, en 2010 ; sans mentionner l’utilisation du chômage partiel.

Dans nombre de pays, les gouvernements ont même annoncé, comme partie d’une série de mesures d’austérité visant à limiter les déficits budgétaires engendrés par la crise, l’augmentation de l’âge donnant droit au départ à la retraite. L’abaissement de l’âge de la retraite ainsi que les possibilités de départ à la retraite anticipé faisaient partie des mesures utilisées au cours des années 1980 avec pour objectif de créer des possibilités d’emplois pour les jeunes travailleurs. Dans un renversement complet des arguments utilisés au cours de cette période, les travailleurs sont aujourd’hui appelés à travailler plus longtemps et durant un plus grand nombre d’années afin de préserver leurs emplois et la possibilité de recevoir une pension.

(...) L’absence, dans les débats publics des principaux pays capitalistes, de la question de la réduction des heures de travail comme « remède partiel », possible, au chômage au cours de cette crise est l’aboutissement d’un long processus. Au cours des trois dernières décennies la tendance à la diminution des heures de travail sur l’ensemble du siècle s’est nettement ralentie. Dans la plupart des pays, elle s’est même arrêtée. L’OCDE, le FMI et la Commission européenne se sont réjouis de ce processus, l’analysant comme une amélioration du taux « d’utilisation du travail » (labour utilization). (...)

La croissance du taux d’utilisation du travail est une caractéristique essentielle de l’époque du néolibéralisme. Des horaires de travail d’une durée croissante, flexibles et fragmentés constituent une spécificité du « mode de vie » néolibéral. Malgré des différences notables en termes de diverses durées – quotidienne, hebdomadaire et annuelle de travail – tous les pays développés ont accepté la nécessité d’une croissance des taux d’emploi ainsi que de rendre les horaires de travail plus flexibles, ces deux aspects alimentant l’utilisation du travail.
(...)

La réduction du temps de travail offre aux gens la possibilité de commencer à songer – et à expérimenter – à des modes de vie alternatifs, non capitalistes et plus démocratiques. Par exemple, certains travailleurs qui ont réduit leurs heures de travail en raison des mesures prises lors de la crise ne souhaitent pas retourner à un travail à temps plein.

En outre, la réduction du temps de travail rend plus facile la répartition entre le travail payé et non payé ainsi que de façon plus égale entre les sexes. Ce n’est pas par hasard que les féministes suédoises, dans les années 1970, revendiquaient la mise en place générale de la semaine de 30 heures. La réduction du temps de travail est cruciale pour que puisse se reconstituer – entre autres dans cette lutte – la capacité du mouvement de la classe laborieuse à se confronter au Capital ainsi qu’à construire une société plus égalitaire et écologiquement soutenable. (Traduction A l’Encontre)
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