Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Attac 33
Le mur de la dette cache la crise écologique
Lz P’tit Grain N° 190/Jean-Luc Gasnier
Article mis en ligne le 18 avril 2012
dernière modification le 15 avril 2012

Au sortir de l’émission « des paroles et des actes », Eva Joly déplorait une nouvelle fois de ne
pas avoir pu suffisamment parler d’écologie. La fenêtre de communication représentée par la
campagne présidentielle va bientôt se refermer pour un certain nombre de candidats sans
qu’ils aient véritablement réussi à porter leur projet, à faire entendre une voix différente.
Probablement parce que le bruit de fond était trop important, trop assourdissant

Car cette
campagne présidentielle c’est avant tout une bataille de communication bipolaire entre deux
finalistes présumés avec des arguments répétés, rabâchés jusqu’à la nausée. Ce n’est pas un
espace de débat public et d’échanges véritables entre candidats et encore moins un moment
propice à la réflexion et à la prospective.

Une bataille pour la conquête du pouvoir ne fait pas
appel aux cerveaux et à l’intelligence collective mais aux réflexes identitaires et partisans.

Le
point d’orgue d’une Vème République monarchique et à la démocratie si peu participative ne
peut être qu’un moment supplémentaire de manipulation et de désinformation. Les « Philippe
Poutou » qui sont là « pour porter un programme, pour porter des idées, pour contester un
système » ont droit à leur petit quart d’heure médiatique pour l’honneur et pour permettre de
valider tout un processus électoral qui reste profondément inégalitaire et injuste. Ils peuvent
bien « crever l’écran » quelques minutes, les consciences sont déjà blindées.

Les thèmes
débattus ou plutôt abordés pendant cette campagne sont pour la plupart imposés par les deux
principaux challengers et par les médias, toujours complices du maître actuel ou en devenir.

Deux sujets, deux objectifs, d’ailleurs contradictoires, constituent depuis le départ leur ressort
émotif et le fil d’Ariane de leur campagne : le remboursement de la dette et la croissance.
Dans le même temps, un certain nombre d’enjeux majeurs sont totalement occultés et en
particulier toute la problématique environnementale : le mur de la dette cache la crise
écologique.
La doctrine libérale et l’orthodoxie financière verrouillent les esprits et les
enferment dans une logique implacable qui ne peut admettre la contradiction ni même le
compromis.

François Hollande exclut toute négociation entre les deux tours avec le Front de
Gauche , le remboursement de la dette publique et la croissance tous azimuts ne sont
décidément pas compatibles avec l’audit citoyen et la planification écologique.

Ah, cette croissance ! A l’heure de la raréfaction accélérée des ressources et des richesses
naturelles de toutes sortes, la croissance est un dogme totalitaire qui ne souffre aucune
restriction.
L’intégrisme de la croissance conduit à se couper aussi sûrement de la réalité que le fanatisme
religieux
.

Sur le site du candidat François Hollande, on peut lire que « Le développement des
nouvelles technologies et de l’économie numérique est un levier essentiel d’une nouvelle
croissance ».

Le marché des TIC ( Technologies de l’Information et de la Communication)
 avec notamment le segment de la téléphonie mobile- est effectivement porteur :
aujourd’hui, en France, le taux de pénétration des mobiles est supérieur à 100% : le nombre
de téléphones portables a dépassé en 2011 le seuil symbolique du nombre d’habitants et la
croissance de ce marché est de l’ordre de 5% par an ! Chaque année, nous sommes plus de 20
millions à changer de téléphone mobile ! Faut-il s’en réjouir au nom de la croissance ou au
contraire s’interroger sur l’obsolescence programmée des produits et le déplorer à cause des
conséquences catastrophiques de cette consommation effrénée sur l’environnement ?

Les ordinateurs, mobiles et autres tablettes génèrent en effet de nombreuses pollutions tant
au stade de la fabrication particulièrement gourmande en énergie, en eau et en éléments
métalliques ( les fameuses « terres rares » dont fait partie le coltan qui alimente la guerre
civile dans la République démocratique du Congo) qu’au niveau de l’exploitation qui
transforme peu à peu la planète en four à micro-ondes.

L’envers du décor attrayant des nouvelles technologies n’est jamais montré par les politiques
qui préfèrent infantiliser les citoyens-consommateurs et relayer le discours lénifiant des
industriels et des commerçants, à l’instar de ce communiqué du gouvernement en août 2010 :
« Chantal Jouanno et Nathalie Kosciusko-Morizet ont signé, le 22 juillet, avec la Fédération
française des télécoms, une charte d’engagement volontaire du secteur des télécoms pour le
développement durable. Conjuguer croissance verte et révolution numérique, c’est possible et
souhaitable. La révolution numérique peut contribuer au développement durable. Une
conviction partagée par le secteur des télécommunications et des Tic, lequel contribue
fortement à la baisse des gaz à effet de serre (GES). Frank Esser (PDG de SFR] se félicite de
l’engagement de l’État pour promouvoir les solutions Tic auprès des secteurs clés de la
croissance verte. Réciproquement, “le secteur des télécommunications offre des solutions
techniques qui faciliteront la mutation écologique de notre société tout en améliorant la
qualité de vie des Français. On est bien ici dans l’inverse de la décroissance”, précise
Chantal Jouanno. Et Nathalie Kosciusko-Morizet d’abonder : “Cette charte consacre la
capacité des Tic à innerver l’ensemble des secteurs économiques pour accélérer leur
conversion écologique.” »

La campagne qui s’achève sort du même tonneau : nos présidentiables préfèrent ignorer la
planète et ses habitants pour mieux satisfaire les milieux industriels et financiers.
Décidément, vivement la VIème République !
(...)

Ebuzzing