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le Monde Diplomatique
Le modèle mutualiste au défi de l’Europe Un engagement civique issu de l’histoire
Article mis en ligne le 26 mars 2011
dernière modification le 23 mars 2011

Le mouvement mutualiste plonge ses racines dans la rudesse de l’histoire sociale du XIXe siècle. Face à la misère de masse et à l’incurie des gouvernements, les citoyens s’associent pour créer les premiers organismes de solidarité. Mais, au début du XXIe siècle, les réformes européennes menacent un modèle mutualiste pourtant efficace.

Dans une France régie par la loi Le Chapelier (1), loi « terrible », pour reprendre le mot de Jean Jaurès, la naissance de la mutualité exprime un besoin de solidarité, de fraternité et d’égalité. A l’époque où le libéralisme de Thermidor (2) et de Bonaparte triomphe, des hommes et des femmes cherchent collectivement à faire face aux nécessités quotidiennes par la mise en commun du peu d’excédent dont ils disposent. Le Sou du linceul, une des premières sociétés de secours mutuel connues, vise ainsi à ce que les morts ne soient pas jetés sans suaire à la fosse commune (3). « Et nous, pauvres canuts, sans drap on nous enterre ! » chantait-on au XIXe siècle (4).(...)

La mutualité est issue de cet engagement civique, rusant avec l’interdiction des coalitions, s’appuyant parfois sur des notables charitables et des philanthropes. Ses pionniers sauront, sous l’influence des idées fédéralistes de Proudhon qui prône l’association d’entités autonomes, opérer les premiers regroupements qui donneront force au mouvement mutualiste. Celui-ci devient vite considérable, avec plus de trois millions d’adhérents dès la fin du XIXe siècle.(...)

La proximité avec les adhérents, la démocratie, l’indépendance constituent la vraie force mutualiste, plus que l’affichage d’effectifs que quiconque serait bien en peine aujourd’hui de mobiliser, comme ce fut le cas en 1980. Cette année-là, la bataille contre le ticket modérateur d’ordre public, qui visait à imposer une limite à la liberté de remboursement des mutuelles, avait réuni sept millions de signatures.(...)

L’affaire du Mediator a opportunément remis sur le devant de la scène médiatique les rapports opaques entre les laboratoires pharmaceutiques et les professionnels de santé. Le débat sur le système de santé, son organisation, les missions, le statut, les modes d’exercice et de rémunération des professionnels doit, lui aussi, être ouvert et concerner toute la population.(...)

Déjà, de nouveaux groupes mutualistes se sont constitués, ou sont en cours de constitution, et une prise de conscience semble se faire jour. Lors des journées mutualistes de la FNMF à Biarritz, à l’automne 2010, le concept de « client », qui s’était imposé dans les années 1990, a été abandonné et la notion d’« adhérent » remise à l’honneur. Mais n’y a-t-il pas là également une nouvelle question politique qui engage toute la société ? (...)

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