
Le 20 avril dernier, le journaliste Gaspard Glanz, qui venait d’être violemment bousculé par un CRS, avait adressé un doigt d’honneur au fonctionnaire. Récit d’un procès, émaillé d’un incident raciste contre un autre journaliste : Taha Bouhafs.
Tribunal de grande instance de Paris – Assis au premier rang, Gaspard Glanz attend patiemment son tour. Les audiences se succèdent dans le calme. Quand subitement, le Président du Tribunal interrompt une plaidoirie. Il se tourne vers le fond de la salle et lance à l’intention du journaliste Taha Bouhafs : « monsieur avec le sweat bleu, qu’est ce que vous faites ? Oui vous ! » « – Je suis sur mon téléphone… », répond notre confrère venu couvrir le procès pour le média en ligne Là-bas si j’y suis. Assis à ses côtés, je lève mon nez… de mon portable. Comme plusieurs autres reporters, j’ai le regard vissé sur mon téléphone, peu attentif à une affaire que je ne couvre pas. « L’usage du téléphone est réservé aux professionnels », poursuit le magistrat sans envisager une seule seconde qu’un jeune homme d’origine arabe puisse être journaliste. Stupéfaction dans la salle. Taha décline sa fonction et précise même s’être signalé auprès d’un agent de police à l’entrée dans la salle. Prenant conscience, semble-t-il, du caractère raciste de son intervention, le président s’embarque dans une explication alambiquée (1). L’incident dur quelques minutes, puis l’audience reprend son cours.
Une histoire de doigt
11h30, Gaspard Glanz est appelé à la barre. Il comparaît pour « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Deux policiers se sont portés partie civile. Le 20 avril dernier, il couvre pour Taranis News l’acte 23 des Gilets jaunes. Alors qu’il a sa caméra braquée sur les CRS, une grenade de désencerclement éclate à ses pieds. « S’il n’avait pas son équipement il repartait sur une civière », détaille son avocate Ainoha Pascual. « Il a l’intime conviction qu’il est visé par la grenade de désencerclement. » Secoué, le journaliste se dirige d’un pas décidé vers les fonctionnaires. « Il est où le commissaire », répète-t-il d’une voix forte. L’un des policier le repousse violemment (...)
Quelques secondes après le doigt d’honneur, Gaspard Glanz est interpellé et placé en garde à vue pendant 48 heures. « Une atteinte à la liberté de la presse », juge son second avocat Raphaël Kempf : le placement en garde à vue, excessif selon lui, l’a empêché de faire son job.
Ils plaident la relaxe (...)