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Le débat sur la transition énergétique est le masque du capitalisme vert
Article mis en ligne le 7 avril 2013
dernière modification le 5 avril 2013

"Il ne s’agit plus de transformer la société en mettant en œuvre de nouveaux usages de l’énergie, mais de garantir le développement des énergies renouvelables bridé jusque là par la double domination du pétrole et du nucléaire. "

Le débat national sur la transition énergétique a commencé depuis plusieurs mois déjà. Des événements se multiplient dans toute la France. Alors qu’en 2003, le précédent débat n’avait guère suscité d’adhésion, quelque chose se passe aujourd’hui.

D’aucuns pourraient croire qu’il s’agit là d’une victoire du mouvement écologiste. Rien n’est moins sûr. Un regard attentif en cours modère ce constat. C’est au prix d’un certain nombre de renoncements que les écologistes participent à cette grande messe plus institutionnelle que citoyenne.

La transition énergétique version 2013 n’a plus grand chose à voir avec les revendications historiques du mouvement écologiste. Il suffit de regarder la place accordée au nucléaire dans ce débat pour s’en convaincre. Loin d’exiger l’arrêt de tous les réacteurs nucléaires, les acteurs écologistes du débat se satisfont de l’orientation fixée par François Hollande. Tout au plus, ils indiquent qu’il préfèrent un rythme plus rapide de fermeture et une date fort conciliante de sortie du nucléaire.

L’argument climatique amène des écologistes à admettre que le nucléaire constitue aujourd’hui une solution pour accompagner la montée en puissance d’ici la fin de la décennie, et même au delà, des énergies renouvelables. Ce mode de production autrefois dénoncé haut et fort fait désormais l’objet d’une étrange tolérance. Il est tout au plus question d’une sortie progressive qui nous expose au risque nucléaire pour encore une génération au moins.

Etrange transition que celle-ci (...)

La transition énergétique consiste dès lors à diversifier l’offre d’énergie, et a fortiori d’électricité, afin de modérer la hausse inéluctable de la facture énergétique et de garantir l’indépendance énergétique du pays. Une fois encore l’écologie cède le pas à l’économie et donne à voir qu’elle est une formidable opportunité pour une nouvelle croissance.

Ne serions-nous pas en face d’une gigantesque opération de greenwashing ? Tout porte à la croire.
(...)

La transition proposée aujourd’hui ne considère pas l’énergie comme un bien commun. Il n’est question que de prix et de marché. Les énergies renouvelables ne sont pas tant reconnues comme un atout écologique que comme un moyen de garantir des coûts de production modérés et surtout l’avènement d’une multiplicité d’acteurs - ce dont la libéralisation du marché de l’énergie a été incapable jusqu’à présent. L’écologie est une opportunité pour étendre la sphère marchande à un secteur jusque-là public.

Cette transition marchande ne peut satisfaire aucun écologiste soucieux de décroissance et de gratuité. L’énergie ne peut ainsi être laissée en pâture à des industriels et à des collectivités locales plus soucieuses de vendre de l’énergie que de répondre aux besoins de leurs administrés.

Elle est l’affaire de tous. C’est donc ensemble qu’il revient de penser un modèle qui se fixe comme objectif principal de préserver la vie et de limiter autant que faire se peut notre impact environnemental.

A la transition énergétique proposée par l’Etat il existe une alternative éthique où le nucléaire n’a nulle place. C’est la démarche des territoires en transition que le mouvement écologiste anglo-saxon nous propose. Une transition énergétique par en-bas qui part du souci de se préparer à la déplétion des matières premières.

Une transition qui privilégie la baisse des consommations à la promotion des productions aussi vertes soient-elles. Une transition qui n’est pas le projet de quelques experts mais le fait d’un travail collectif dans les villages et les quartiers. (...)