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Le congé maternité : accouché dans la douleur
Article mis en ligne le 6 février 2012
dernière modification le 3 février 2012

(...) « Ne faites pas intervenir outre mesure la main de l’État, admoneste le républicain libéral Frédéric Passy, cette main qui prétend tout peser, qui pèsera la nourriture, qui pèsera le repos, qui pèsera le travail. Par cette réglementation sans limite et sans merci, vous allez à la suppression de la personnalité humaine, et par là, à la servitude et à l’abâtardissement. » Et assurer quelques jours de répit à la mère, voilà qui, déjà, dépasse la « mesure ». Voilà que la « personnalité humaine » est menacée, non par la misère, par la maladie, par la mort, mais par une « réglementation », forcément trop tatillonne.

Si ce député en appelle aux grands principes, c’est que son collègue, le catholique social Albert de Mun a émis, le 20 février 1886, une proposition devant l’Assemblée nationale : « Les femmes en couches ne pourront être employées dans les usines, chantiers et manufactures, à aucun travail industriel, pendant quatre semaines après l’accouchement. » (...)

le libéral Armand Desprès dresse ses statistiques : 80% des mères, d’après lui, n’ont pas besoin de repos – et pourquoi légiférer pour les 20% restantes ? D’autant que les femmes sont rétablies trois jours après leur accouchement, et sans que cela occasionne de dangers pour elles ou pour leurs enfants. « On ne règle pas la vie domestique par la loi », prévient-il.
Durant six années, les parlementaires vont palabrer ainsi, ajouter des amendements, en retrancher, renvoyer le débat en commission, adopter une première lecture, passer de la Chambre au Sénat, avant de revenir à la Chambre… avant de tranquillement enterrer le projet. Le Capital peut exploiter en paix, sans « la main de l’État » pour restreindre sa liberté. (...)

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