
Si le changement climatique, actuellement en cours, nous promet une planète moins hospitalière avec des événements climatiques extrêmes plus fréquents et violents, il pourrait également être la cause d’un surcroît de violence au sein même de nos sociétés.
Présentée comme une des analyses les plus exhaustives sur le sujet, l’étude (1) menée par Solomon M. Hsiang et ses collègues anglo-saxons (universités de Princeton et de Berkeley, Bureau de recherche économique de Cambridge) s’appuie sur un argumentaire trouvant ses sources dans les heurts de l’histoire de l’humanité, des premiers peuplements préhistoriques aux récents conflits africains. Au final, la méta-analyse repose sur 60 études faisant références dans la communauté scientifique, traitant de 45 conflits ayant marqué notre tumultueuse histoire.
Ainsi, pour Solomon M. Hsiang, l’étude révèle « … un fort lien de causalité entre les événements climatiques et les conflits humains », un terme qu’il convient ici de définir, les chercheurs lui attribuant une large palette de situations conflictuelles allant du simple usage intempestif d’un klaxon et/ou échange de noms d’oiseaux entre automobilistes à des affrontements entre hindous et musulmans Indiens exacerbés par la chute des rendements agricoles liés à des pluies diluviennes ou sécheresses. L’étude souligne aussi les violences domestiques qui suivent la hausse du thermomètre, à l’instar des crimes, viols, agressions et autres cambriolages nord américains, ou encore l’effondrement de civilisations entières telles celles des Mayas ou, par exemple, le royaume khmer d’Angkor. Pour ces derniers cas, si les événements climatiques de l’époque ne sont que l’une des causes ayant précipité leur chute, Solomon M. Hsiang souligne que « … le climat n’est pas la seule, ni même la principale, force agissant sur les conflits. Mais lorsque d’importantes variations climatiques se produisent, elles peuvent avoir des effets considérables sur la survenue de conflits dans différents contextes. » Et le chercheur d’ajouter que d’ici le milieu du siècle en cours, le risque de guerre civile pourrait croître « … de plus de 50 % dans de nombreux pays ». (...)