
Le sommet (en fait la 15e conférence des parties) de Copenhague a été organisé par la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), soutenue en cela par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), dans l’objectif de trouver une alternative permettant de poursuivre les efforts entrepris à Kyoto en 1997. Il s’est achevé sans qu’aucune mesure contraignante ne soit prise. L’institution des Nations unies s’est largement laissé déborder par une série d’événements prévisibles, dont l’ampleur sans précédent de la mobilisation des ONG et la confiscation du débat par les pays riches et les lobbies. Entre marketing, promotion et politique, la science n’a pas pesé bien lourd. M. Mohamed Senouci, climatologue et membre du GIEC, revient sur cet échec magistral et nous invite, dans ce texte, à une réflexion sur la relation intime entre l’apport scientifique et la manière dont cette connaissance devrait être utilisée dans les prises de décisions politiques. Cette contribution est une suite au billet « Changements climatiques : le grand tournant » publié en décembre.
Le GIEC a établi une base de connaissances suffisante pour convaincre le monde de la nécessité d’agir, et le plus vite possible ! Il a pris la responsabilité d’une telle conclusion, tout en situant les incertitudes qui subsistent dans la compréhension du système climatique. Dans bien d’autres domaines, un niveau de certitude nettement plus faible est suffisant pour déclencher l’action globale. Or, la problématique des changements climatiques semble faire exception, et il convient d’en analyser les raisons....
Si la question ne semble pas créer de divergences pour des solutions à très long terme, l’action à court et moyen terme apparaît prise dans les mailles des conflits d’intérêts entre les pays.
...Ce seuil de 2° C est devenu une obsession, alors qu’il pourrait largement être ramené à moins de 1,5° C. Si l’on cumule les chiffres de réduction volontaire que les pays ont suggérés à Copenhague, nous ne sommes pas loin d’une augmentation probable de 3° C, ce qui annonce une véritable catastrophe....
...De l’échec flagrant de Copenhague, il faudra tirer quelques leçons. En attendant, et devant l’incapacité des pays puissants de s’entendre et de mettre en pratique une gouvernance mondiale pour gérer une menace planétaire, le Sud serait bien inspiré d’accroître ses capacités scientifiques pour mieux se préparer aux dégâts climatiques à venir… et encourager de nouvelles formes de solidarité internationale en la matière....