Cet article fait partie d’un projet spécial traitant des conséquences du changement climatique sur la sécurité alimentaire et sur les moyens de subsistance des petits paysans au Kenya, au Nigeria, au Sénégal et au Zimbabwe
Dans certaines des régions les plus vulnérables du monde, des régions qui sont pourtant en première ligne face aux changements climatiques, nombreux sont ceux qui ne sont pas conscients de la façon dont leur environnement est altéré et de la menace que cela suppose pour leurs futurs moyens de subsistance.
Cette ignorance rend d’autant plus difficile l’adoption de nouvelles méthodes agricoles climatiquement rationnelles en vue de s’adapter aux risques.
Les habitants de Godai, un village situé dans l’état de Kaduna, dans le nord-ouest du pays, observent déjà une diminution des précipitations. Les agriculteurs ont par ailleurs constaté que leurs récoltes de riz, de maïs et de légumes étaient moins abondantes.
À plus long terme, on s’attend à ce que le climat devienne encore plus sec dans tout le nord du pays. Le déclin potentiel des rendements de l’agriculture pluviale pourrait atteindre jusqu’à 50 pour cent.
Selon l’indice de vulnérabilité au changement climatique compilé en 2015 par le cabinet d’analyse des risques mondiaux Verisk Maplecroft, le Nigeria est l’un des dix pays les plus vulnérables au monde.
Le changement clima... quoi ?
En dépit de la menace imminente, six fermiers sur les 10 interviewés par IRIN à Godai ont dit qu’ils « ne savaient rien » du changement climatique. (...)
La plupart des agriculteurs développent leurs propres stratégies d’adaptation. Comme plusieurs de ses collègues, Ahmed Isa a planté des manguiers et des anacardiers sur sa terre pour « sauver le sol ». D’autres choisissent d’épandre davantage de fumier dans leurs champs ou de creuser des canaux d’irrigation.
Selon Nasiru Adamu, qui cultive une parcelle de huit hectares, les paysans ne s’attendent pas vraiment à obtenir l’aide du gouvernement, mais ils ont besoin « qu’on les aide à y voir plus clair ».
En théorie, le gouvernement offre un service de conseil agricole par le biais d’un réseau d’agents formés. Les agriculteurs ont cependant dit à IRIN que ce programme était gravement sous-financé et que les communautés rurales ne bénéficiaient que d’un faible soutien. (...)