Deux ONG, Les Amis de la Terre France (1) et FERN (2) ont publié le 17 juin un rapport remettant fortement en question le principe de la compensation carbone forestière.
L’étude s’appuie en grande partie sur l’analyse des résultats du projet de la forêt de N’hambita (Mozambique) lancé en 2003 par l’Union européenne (UE). Pour les auteurs, ce projet, financé à hauteur de 1,5 million d’euros par l’UE, n’a produit aucun bénéfice que ce soient en matière environnementale, climatique, sociale et même économique.
Selon Sylvain Angerand, des Amis de la Terre France : « Le principal problème mis en lumière dans ce rapport est que les émissions restent dans l’atmosphère bien plus longtemps que ne vivent les arbres. Le rapport montre que la compensation carbone ne produit que peu de bénéfices pour le climat et ne fait que nous distraire de la nécessité de réduire nos émissions et notre consommation d’énergie. ».
Le rapport fait aussi référence à une étude de juin 2012 menée par la Via Campesina (3) qui dénonce les pratiques et les conséquences des multinationales qui exploitent le principe de cette compensation carbone forestière. D’une part les paysans locaux sont poussés à utiliser leur terre pour la plantation d’arbres au détriment de leur culture maraichère, d’autre part les paysans sont contractuellement payés pendant sept ans alors que leur travail d’entretien doit s’effectuer pendant quatre-vingt-dix-neuf ans. De plus, si le paysan décède pendant cette période, ce qui est fort probable, ce sont ses descendants qui « héritent » de la charge sans aucun revenu. Globalement, la Via Campesina dénonce les déséquilibres et, notamment pour le projet de la forêt de N’hambita, qu’entrainent localement ce nouveau business de la compensation carbone. (...)