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Le capitalisme prend fin nous dit Immanuel Wallerstein
par Bernard Dugué jeudi 6 octobre 2011
Article mis en ligne le 10 octobre 2011
dernière modification le 6 octobre 2011

Les médias ne sont pas économes en observations d’ordre téléologique, voire eschatologique. Parmi les prévisionnistes, prêcheurs d’apocalypse, docteurs en prospectives, essayistes médiatiques, théoriciens avérés ou improvisés de l’économie, philosophes de l’histoire, certains annoncent la fin du capitalisme. Les uns en s’appuyant sur l’impasse financière actuelle, les autres en y ajoutant des considérations d’ordre écologique ou bien social. Les uns voient la planète se détruire, les autres imaginent une révolte planétaire des indignés. L’indignation face à mondialisation conduit vers la mondialisation des indignés.

(...) Selon Wallerstein interrogé par Russia today, le capitalisme est au bout du rouleau. Il a épuisé ses possibilités de se perpétuer en se recomposant. La crise du capitalisme ne remonte pas à quelques années et ne se réduit pas aux événements financiers observés entre 2008 et 2012. Le système est en crise depuis le milieu des années 1970 (allusion au choc pétrolier de 1974). Et donc, presque quatre décennies d’instabilités et de crises concevables comme les signes d’un système se défaisant, se détricotant (en traduisant infolding). Ainsi, les combats politiques ne vont plus concerner le capitalisme mais le système qui va le remplacer. Ce propos a le mérite d’être tranché. (...)

Un second constat porte sur ce qui va remplacer le capitalisme. Wallerstein n’écarte pas la possibilité d’un système plus démocratique et plus égalitaire, tout en précisant que l’Histoire n’est jamais allé dans ce sans. Allusion sans doute aux transitions totalitaires du premier 20ème siècle. L’autre possibilité est un système encore plus centralisé, hiérarchisé, polarisé avec des centres de domination et des populations surexploitées. (...)

Nous serions donc face à une bifurcation rendue nécessaire par le fait que l’accumulation incessante du capital n’est plus possible et que si ce système a bien fonctionné depuis 500 ans, comme tout système évoluant dans le temps, il arrive à un stade ou les forces de décomposition l’emportent sur les forces de création.

Deux choses essentielles doivent ainsi être mises en avant. D’abord le côté incertain et dangereux inhérent à ce système en crise qui devient imprévisible à court terme. (...)

L’époque où l’on pouvait se projeter sur des décennies est révolue. La condition humaine est donc radicalement modifiée, notamment sur la question de la liberté. Wallerstein évoque l’opposition entre déterminisme et liberté déjà pensée par la philosophie grecque. Dans un système à peu près stable, au cours relativement déterministe, la liberté n’a pas vraiment sa place et les choix semblent s’imposer en étant encadrés pour ainsi dire par la logique du système. A l’inverse, dans un système fortement instable, la liberté devient importante. Elle est même convoquée par l’Histoire car chaque acte, chaque décision, chaque orientation concourt à faire basculer la bifurcation dans un système ou un autre. Belle invitation philosophique s’il en est.

Nous sommes responsables du monde qui vient.
(...)

Mais une question persiste. Le capitalisme vit-il vraiment ses dernières années ? La question reste en débat, même si elle vient d’être réglée par un brillant philosophe du système.

(...) Wikio