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Le Monde
Le Rijksmuseum d’Amsterdam brise un tabou aux Pays-Bas en évoquant les exactions commises durant l’époque coloniale
Article mis en ligne le 7 août 2021

L’exposition « Slavernij » (« Esclavage ») revient, en 140 tableaux, portraits, écrits, sons ou objets, sur une période sombre de l’histoire néerlandaise

. Elle étonne leurs voisins mais la fierté nationale reste une réalité aux Pays-Bas. D’où les Néerlandais tirent-ils ce sentiment ? Sans doute de cette époque du « Siècle d’or », qui, de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle, vit leur pays se hisser au rang de première puissance commerciale et maritime mondiale, opposant la liberté de culte, la créativité artistique et le développement scientifique à la stagnation qui minait l’Europe.
Pas simple dès lors, même des centaines d’années plus tard, d’évoquer la face très sombre de cette épopée capitaliste. A savoir l’esclavage, qui allait, pour une large part, la rendre possible. C’est une institution culturelle, la plus importante du royaume, qui a osé lancer le débat : avec son exposition « Slavernij » (« Esclavage »), longtemps mûrie et longtemps décalée – pas seulement à cause de la pandémie –, le Rijksmuseum d’Amsterdam a brisé un tabou.

« L’esclavage a été une composante essentielle de la période coloniale, de nombreuses générations ont subi des injustices inimaginables. Evoquer ce sujet est d’une grande importance », justifie Taco Dibbits, directeur d’un « Rijks » rénové de fond en comble.

Meurtres, viols, travail forcé (...)

Avant de parler des meurtres, des viols, du travail forcé, des déportations, ou des 200 000 morts de l’île de Java après une révolte matée en 1825, le Rijksmuseum devait d’abord faire le ménage. Identifier des dizaines de milliers d’objets résultant de pillages, modifier les notices de ceux d’entre eux qui étaient exposés au public, « jeter un regard critique sur les collections et leur terminologie », dit Valika Smeulders, quinquagénaire née à Curaçao, dans les Caraïbes, qui dirige le département d’histoire du musée et a travaillé pendant trois ans à la préparation de « Slavernij ». (...)