
Le Journal d’Anne Frank est un des livres les plus lus au monde et la fin tragique de son auteure n’y est pas pour rien : le 4 août 1944, Anne Frank et sa famille sont découvertes par la Gestapo après les révélations d’un informateur jamais identifié. Au début de l’année 1945, Anne Frank meurt dans l’enceinte du camp de Bergen-Belsen. Un agent du FBI vient de rouvrir son dossier pour tenter d’identifier l’indicateur de la Gestapo.
Plus de 70 ans après les faits, un agent du FBI — à la retraite, qui plus est — se lance dans l’ouverture d’un cold case, expression utilisée pour désigner des dossiers fermés depuis des années, mais jamais résolus. Son objectif n’étant rien de moins que l’identification de l’informateur qui a révélé à la police allemande l’emplacement de la cachette d’Anne Frank et de sa famille, sur le Prinsengracht, une rue le long d’un des canaux d’Amsterdam.
L’agent Vince Pankoke est persuadé que l’utilisation des nouvelles technologies lui permettra d’identifier le responsable : l’analyse de données à grande échelle sera mise en place par une équipe de 19 experts. La Maison Anne Frank, à Amsterdam, a rendu ses archives disponibles à l’équipe d’agents du FBI et a salué l’ouverture de l’enquête.
En décembre dernier, la structure qui gère le Musée Anne Frank à Amsterdam avait mené sa propre enquête, pour arriver à la conclusion que la cachette des familles Frank et Van Pels — qui les avait rejoints — avait pu être découverte par hasard, et non sur indications. Visiblement, cette conclusion n’a pas convaincu Pankoke. (...)
« J’ai passé énormément de temps dans les archives nationales des États-Unis et j’y ai trouvé des documents d’Amsterdam qui n’existaient plus, d’après ce que l’on m’avait dit », souligne Vince Pankoke. « Certains documents ont été abîmés par l’eau ou le feu, et ils sont écrits en jargon militaire allemand, alors tout cela va prendre du temps. Mais nous avons trouvé des listes de noms des Juifs qui ont été trahis, une liste des informateurs et des agents de la Gestapo qui vivaient à Amsterdam. Toutes ces données peuvent être traitées, et nous permettre de trouver des connexions », assure l’agent à la retraite. (...)
L’ensemble de l’enquête sera suivi par une équipe cinématographique, dirigée par le réalisateur Thijs Bayens, qui a initié le projet, afin de produire un documentaire signé par le journaliste Pieter Van Twisk, qui est entré en contact avec Pankoke. Le financement du documentaire a été assuré par une collecte participative.
Le père d’Anne Frank, Otto Frank, seul survivant de leur déportation, avait suspecté, à sa libération, un travailleur de l’usine à proximité de leur cachette, Wilhelm van Maaren, mais l’enquête menée à l’époque n’avait rien donné. Pankoke a déjà étudié les comptes-rendus, et critique ouvertement la légèreté du travail policier effectué en 1948 et 1963, d’autant plus que peu d’autres pistes ont vraiment été considérées. (...)