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Le Monde
Le CHU de Rouen lance une grève illimitée pour dénoncer le manque de moyens
Article mis en ligne le 28 décembre 2021

« On est dans une situation particulièrement critique », a reconnu Bertrand Cazelles, directeur général adjoint du CHU, évoquant « une très grande tension sur les urgences ».

Le personnel des urgences du CHU de Rouen a entamé lundi 27 décembre une grève illimitée pour protester contre la dégradation de ses conditions de travail et le manque de moyens humains et matériels. Le préavis a été déposé par la CFDT, la CGT, SUD et FO.

« Lundi matin, le taux de grévistes est de 100 %, les agents grévistes sont assignés et donc travaillent, cela concerne une cinquantaine d’agents », a déclaré le secrétaire de la section CFDT du CHU de Rouen, Frédéric Louis. (...)

« C’est assez important. Il y a une mobilisation des agents qui n’est pas négligeable et à prendre au sérieux », a fait savoir Bertrand Cazelles, directeur général adjoint du CHU, rappelant que le plan blanc a été déclenché il y a quinze jours dans l’établissement. En pratique, ce plan permet aux hôpitaux de se réorganiser, de revoir les plannings des personnels, de rappeler des soignants sur leurs congés, ou encore d’enclencher la déprogrammation d’autres patients non urgents, afin de libérer des personnels pour renforcer les capacités des services recevant l’afflux de malades du Covid-19.
Une quarantaine de postes d’infirmiers non pourvus

« Il faut que l’agence régionale de santé prenne conscience des difficultés de l’hôpital public. Hormis du recrutement, il n’y a pas grand-chose à faire », a estimé le syndicaliste. Selon Frédéric Louis, une cinquantaine de lits sont fermés sur l’ensemble du CHU, en raison des difficultés de recrutement, et une quarantaine de postes d’infirmiers ne sont pas pourvus. « Tout cela entraîne une désorganisation aux urgences. Les collègues des urgences sont débordés à cause de patients qui stagnent du fait d’un manque de lits », a-t-il expliqué. (...)

« On a des patients qui restent trop longtemps aux urgences faute de lits d’aval disponibles. Tous les leviers sont mobilisés pour essayer de recruter. Pour faire face, on utilise largement le dispositif des heures supplémentaires majorées. Cela nous a permis de fermer moins de lits que ce que prévoyaient les premières simulations », a-t-il ajouté. (...)

Un infirmier urgentiste du CHU, qui a souhaité garder l’anonymat, espère pour sa part que les soignants des urgences « ne soient pas appelés pour boucher des trous dans d’autres services, entraînant le recrutement d’intérimaires, qui sont moins efficaces, aux urgences ».
Multiples alertes

Les alarmes sur la dureté des conditions de travail dans les hôpitaux se sont faites nombreuses depuis plusieurs années.

Dès mai 2019, certains établissements hospitaliers, notamment leurs services d’urgences, se mettaient en grève. En août de cette année-là, plus d’un tiers des 640 établissements du pays étaient touchés par la mobilisation. « Nos revendications pour plus d’humanité dans la chaîne de soins sont les mêmes », expliquait alors au Monde un assistant de régulation du SAMU de Savoie, en grève pour soutenir ses collègues de l’hôpital de Chambéry. « Ce qu’on veut, ce n’est pas une prime, c’est des collègues. » (...)

En janvier 2020, près de 1 200 médecins hospitaliers, dont 600 chefs de service et 470 responsables d’unités, démissionnaient de leurs fonctions d’administration, de gestion et de représentation, en l’absence de négociation avec le gouvernement sur les moyens de l’hôpital public.

Le Ségur de la santé, conclu en juillet 2020, destiné à réformer ce secteur et à le rendre plus attractif, notamment via des augmentations de salaires, n’a pas réglé le malaise des personnels hospitaliers. (...)

Le 9 octobre, le personnel des urgences du centre hospitalier de Laval (Mayenne) avait également annoncé un mouvement de grève illimité. « On est cinq équivalents temps plein pour un objectif entre seize et dix-huit. A peine un tiers de l’objectif cible », avait déclaré Caroline Brémaud, chef du service des urgences de cet hôpital, invitée sur France Inter le 18 octobre.