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Le 9 septembre, les prisonniers des États-Unis entrent en grève
Article mis en ligne le 5 septembre 2016

« En pleine campagne Clinton-Trump et dans le prolongement du mouvement Black Lives Matter, l’émergence d’un mouvement anti-carcéral de masse dénonçant le racisme institutionnel à l’intérieur et à l’extérieur des prisons pourrait s’avérer explosif. »

Depuis des mois, une mobilisation sans précédent se met en place. Dans toutes les prisons américaines, des prisonniers s’apprêtent à se mettre en grève de la faim, des plateaux ou du travail. À l’extérieur des manifestations sont prévues dans tous les états.

La date n’a pas été choisie au hasard, ce 9 septembre on commémorera le 45e anniversaire de la mutinerie d’Attica. [1]

Le système carcéral américain avec ses 2,3 millions de détenus (près d’un adulte sur cent dont 40% sont afro-américains) est une des conditions même du maintien de l’ordre et de l’économie. En pleine campagne Clinton-Trump et dans le prolongement du mouvement Black Lives Matter, l’émergence d’un mouvement anti-carcéral de masse dénonçant le racisme institutionnel à l’intérieur et à l’extérieur des prisons pourrait s’avérer explosif.

Nous avons interviewé un membre du Comité d’Organisation des Travailleurs Incarcérés (IWOC) qui se mobilise avec beaucoup d’autres pour que le 9 septembre soit historique. (...)

Depuis deux siècles, le système pénitentiaire est l’un des dispositifs clef du capitalisme et des sociétés de contrôle, comment pensez-vous que le gouvernement et la police vont réagir au mouvement du 9 septembre ?
Nous sommes très inquiets de la répression des prisonniers. Nous les incitons à communiquer vers l’extérieur dès que cela arrivera. Si nous espérons qu’il n’y aura pas de répression, nous nous attendons à voir des gazages, des tabassages et possiblement des morts. Les prisonniers en grève de la faim seront certainement alimentés de force. Le soutien de l’étranger est particulièrement important, nous invitons donc vos lecteurs à se tenir au courant et à agir. En ce qui concerne les manifestations à l’extérieur des prisons, nous nous attendons aussi à de nombreuses arrestations. Nous souhaitons des manifestations pacifiques, mais c’est la police qui en décidera. Nous n’avons prise que sur nous-mêmes.
(...)

Il existe un mythe selon lequel les prisons américaines auraient pour but de réhabiliter les prisonniers, ou bien que les prisons seraient nécessaires afin d’isoler les populations dangereuses et de sécuriser la communauté. La réalité c’est que les prisons sont un gigantesque business. Construire des prisons est une entreprise extrêmement lucrative car les prisonniers constituent une main d’oeuvre gratuite exploitable à merci. Ils élèvent des troupeaux qui sont vendus à McDonald’s, travaillent dans des centre d’appel pour AT&T et Verizon, produisent des vêtements, du papier, des meubles. Tu prends n’importe qu’elle marchandise, il y a de grandes chances qu’elle soit produite dans une prison quelque part. Ces travailleurs ne sont pas payés ou au mieux quelques cents de l’heure, il y a donc quelqu’un quelque part qui gagne de l’argent sur leur travail. Ce serait peut-être acceptable si cet argent servait à indemniser d’éventuelles victimes, mais ce n’est pas le cas (...)

Le taux de récidive aux Etats-Unis est incroyablement élevé au point que l’on pourrait se dire que l’objectif est de disposer à l’infini de cette main d’oeuvre bon marché. (...)

Je suis certain que jusqu’en France, on sait que le maintien de l’ordre aux États-Unis est profondément raciste. Une personne de couleur a beaucoup plus de chances d’être tuée ou arrêtée par la police qu’un blanc. De fait, à chaque étape, une personne de couleur a plus de chance de passer à celle d’après : plus de chance de se faire arrêter, plus de chance de passer en procès, plus de chance d’être reconnu coupable, plus de chance d’écoper d’une peine sévère. Un homme afro-américain sur quatre est incarcéré. Au sein du système carcéral américain, les détenus s’organisent souvent à partir de distinctions raciales – parfois par choix mais aussi du fait d’une stratégie mise en place du « diviser pour mieux régner ». La prison crée les conditions pour que les gens s’organisent autour de ces lignes raciales. (...)

Pour défaire la suprématie blanche dans ce pays, il faut lutter contre complex carcéral industriel, qui produit des gens racistes et dévaste les communautés des personnes de couleur. C’est une question majeure. (...)

Quoi qu’il en soit cette élection est vraiment terrifiante pour beaucoup de gens et certainement que nous sommes de plus en plus nombreux à nous rendre compte que la politique électorale ne change rien et que l’action directe et là seule manière d’avancer.