Ces dernières décennies, la production de dioxyde de carbone par la toundra d’Alaska se prolonge bien au-delà de la fin de l’été. C’est ce que démontrent de récentes mesures. Les températures de plus en plus élevées enregistrées en Arctique aux périodes jadis propices aux grands froids maintiennent l’activité des micro-organismes dans le sol.
C’est une conséquence du réchauffement climatique en cours, prédite et redoutée : la toundra dans le cercle arctique, tout au moins en Alaska émet du dioxyde de carbone (CO2) sur des périodes bien plus longues qu’auparavant. Roisin Commane, spécialiste de l’atmosphère à l’université d’Harvard, et son équipe ont ainsi constaté que dans la région qu’ils ont étudiée, le taux d’émission de gaz carbonique entre octobre et décembre a augmenté de 70 % depuis 1975.
Cette période, octobre à décembre, marque l’arrivée de l’hiver et donc, d’ordinaire, le retour du gel et de la neige. Mais depuis plusieurs années, les grands froids sont de plus en plus tardifs, ce qui a pour conséquence de prolonger l’activité des micro-organismes qui décomposent les végétaux morts accumulés dans le sol depuis des millénaires (les sols regorgent d’assez de matière organique pour doubler le taux de CO2 dans l’atmosphère, lequel vient de franchir les 410 ppm). (...)
« Dans le passé, le refroidissement des sols prenait environ un mois, mais avec les températures plus chaudes ces dernières années, il y a des endroits en Alaska où les sols de la toundra mettent maintenant plus de trois mois pour geler complètement, commente la principale auteure de ces recherches publiées dans les Pnas (Proceedings of the National Academy of Sciences). Nous observons à présent que les émissions de dioxyde de carbone des sols continuent durant le début de la période hivernale ». (...)