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Les économistes atterrés
La soumission au Medef n’est pas une solution, la France a besoin d’un changement de cap.
Article mis en ligne le 10 septembre 2014

A la mi-2014, l’économie française est sur une pente dangereuse. La croissance, nulle depuis un an, s’accompagne d’une hausse sans fin du chômage, d’une décélération des prix, en un mot d’un risque grandissant de déflation. Au lieu de prendre acte de ces résultats catastrophiques et de l’échec de la voie suivie, François Hollande a choisi d’accélérer dans la même direction, en se soumettant toujours davantage aux exigences du Medef.

On peut espérer que le grossier chantage à l’antisémitisme ne passe plus face à une opinion publique de plus en plus alerte. Des centaines d’appels et de déclarations de personnalités du monde entier ont résonné pour appeler au BDS. Chaque victoire accélère le processus de mise sous pression. Plus que jamais, accentuons la mobilisation ! (...)

Depuis deux ans, le Medef s’est lancé dans une campagne agressive pour obtenir de cogérer l’État. Les thèmes de cette campagne sont martelés directement par ses porte-parole et par les nombreux médias qu’il contrôle ou influence. Le cœur du message asséné est simple : seules les entreprises privées sont productives ; seuls les chefs d’entreprise créent de l’emploi ; seules les entreprises savent ce qu’il faut produire ; seules des entreprises compétitives, entendues comme ayant des salaires et des impôts faibles, peuvent le faire. C’est d’elles que dépend notre avenir et tout doit être mis à leur service. Comme si les salariés du public : les enseignants, les infirmières, les employés d’EDF ou de la RATP n’avaient aucune utilité ni aucune productivité. Comme si les entreprises, ce n’était pas d’abord des salariés qui produisent. Comme si de nombreuses entreprises n’organisaient pas la délocalisation de leurs emplois hors de France. Comme si les entreprises n’étaient pas étroitement dépendantes des débouchés, lesquels sont étouffés par les politiques d’austérité ou de compétitivité. Comme si la puissance publique n’avait pas son mot à dire pour orienter la production afin, en particulier, de prendre en compte la contrainte écologique.

Le Medef réclame une baisse de 120 milliards des impôts des entreprises, ce qui signifierait démanteler et privatiser la Sécurité sociale au profit des groupes d’assurances. Il demande que les dépenses publiques et sociales diminuent de 100 milliards. Mais, en même temps, les entreprises investissent peu en France, de sorte qu’il s’agit d’une stratégie à la Gribouille. Quels seront les débouchés des entreprises si la consommation stagne et les dépenses publiques chutent ?

Le tragique est que cette opération a été couronnée de succès. (...)

Non, l’entreprise ne doit pas être organisée sur un modèle féodal, avec un patron tout-puissant, ponctionnant les bénéfices au profit des actionnaires. Non, il ne faut pas réduire la place des syndicats en doublant les seuils sociaux. Il faut au contraire augmenter les capacités d’intervention des salariés et des citoyens dans les entreprises. Faut-il s’exclamer « Vive les entreprises » en renonçant à mettre en cause la manière dont la finance les gère aujourd’hui ?

La feuille de route que s’est donné le nouveau gouvernement ne fera qu’aggraver les problèmes de l’économie française.
(...)

Aujourd’hui, la BCE, comme le FMI (bienvenue aux derniers arrivés !), le reconnaissent à leur tour : les politiques d’austérité, loin d’être une solution, sont le cœur du problème européen. Elles doivent cesser sans délai. (...)

la France devrait constituer un front en Europe pour promouvoir une nouvelle stratégie. Celle-ci passe par une relance concertée centrée sur des investissements massifs pour la transition écologique, une lutte résolue contre l’évasion et l’optimisation fiscale, des mesures fortes pour réorienter l’activité bancaire et réduire la domination de la finance et la spéculation, ainsi qu’une réduction des cadeaux inutiles aux grandes entreprises.

Oui, la France, (et l’Europe) a besoin de réformes structurelles ambitieuses. Mais celles-ci doivent s’attaquer aux racines véritables de la crise, au lieu de l’aggraver en mettant en cause le modèle social européen. Non, il ne faut pas se donner comme objectif de réduire les services publics ou le pouvoir d’achat des salaires et des prestations sociales, qui soutiennent la demande. L’objectif, au contraire, doit être de réduire les dividendes exorbitants et la ponction que le capitalisme financier exerce sur les entreprises. (...)