
Aboutissement d’une longue série de dysfonctionnements, un incendie se déclarait le 17 octobre 2010 dans l’entreprise CITRON (1), basée à Rogerville, dans la banlieue portuaire du Havre. Perçue comme un acteur clé du recyclage en Europe et en France notamment par l’ADEME (2) et certains éco-organismes, cette société s’est spécialisée dans le recyclage des Résidus de Broyages Automobiles, des Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE), des piles et autres sources lumineuses. Elle s’étend sur une superficie de 13 hectares.
Comme l’explique l’association Robin des Bois, en accord avec la Directive déchets du parlement européen et du Conseil, CITRON affirmait fabriquer des matières premières secondaires à partir de déchets, avant de revendre le « produit » ainsi créé aux cimenteries. Son slogan prônait d’ailleurs : « Vos déchets sont nos matières premières ». Mais parmi les déchets récupérés figuraient, entre autres, le mercure issu des piles et des lampes ainsi que des boues et des cendres métalliques. Or, dès septembre 2006, le syndicat français de l’industrie cimentière écrivait au Préfet de Seine-Maritime que « les quelques expériences effectuées n’ont pas du tout été concluantes ».
A l’heure actuelle, CITRON France et CITRON Holding en Suisse sont toutes deux en faillite, laissant derrière elles 135 000 tonnes de déchets.
(...) Selon Robin des Bois, depuis fin décembre, 4 000 tonnes de résidus de traitement thermique sont en auto-combustion sur le site de la société CITRON. Générant des fumées aussi toxiques que persistantes, ce feu latent menace de se propager aux autres résidus dispersés sur la zone, évalués à environ 100 000 tonnes, ainsi qu’au stock de déchets inflammables évacués des halles couvertes suite à l’incendie survenu en octobre dernier. Face à une telle épée de Damoclès, l’autorité préfectorale a demandé à l’ADEME de débarrasser le site CITRON des résidus actuellement en auto-combustion. (...)