
Spécialiste incontesté des rapports entre écriture de soi et psychanalyse, Jean-François Chiantaretto propose à travers vingt-cinq articles passionnants d’interroger les rapports entre les « écritures de soi » et les « écritures des limites ».
Titre signifiant qui, pourtant, permet aux lecteurs d’envisager plusieurs interprétations hypothétiques : est-ce que les écritures de soi sont des écritures des limites (de soi ? de l’autre ? des autres ?) ? Peut-on regarder les écritures de soi comme des écritures de[s] limites ? Ou bien encore les écritures de soi seraient-elles enfermées dans des limites scripturales imposées par des éléments internes ou externes ? Autant de possibilités que propose ce titre paratactique.
Dès lors, cette richesse interprétative, l’auteur l’explique clairement dans l’introduction et guide ainsi le curieux interpellé par le titre : « L’écriture de soi […] met toujours en scène une tension entre deux positions : attester d’une identité (voilà qui je suis), témoigner d’une altération (voilà qui je suis empêché d’être). » Il s’agira de comprendre que l’auteur (s’)écrit au moment où il y a « expérience psychique d’effraction, d’implosion ou de falsification de l’être ».
Traumatiques, traumatisants ou traumatismes certains, ces « troubles » fragilisent la « construction de l’espace psychique », et l’auteur doit donc survivre dans et avec eux. Jean-François Chiantaretto affirme subséquemment que « dans ces différents registres de la survivance, l’écriture de soi prend alors littéralement fonction d’une écriture des limites : l’effort de (re)construire un lieu pour soi, suffisamment vivable et vivant ». (...)
L’ensemble des articles est à recommander à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux écritures autobiographiques. Souvent, l’approche littéraire des faits psychologiques est perçue comme artificielle, voire artificieuse. On se réjouira par conséquent de ce métissage des rapprochements et des théories proposé par Jean-François Chiantaretto, même si, parfois, la lecture de l’un ou de l’autre des articles reste ardue et nécessite de solides connaissances en psychologie.