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Le monde
La porte de Saint-Ouen, escale de misère pour les réfugiés syriens
Article mis en ligne le 12 septembre 2015

Verte, bleue, jaune, grise et bordeaux. Cinq tentes Quechua sont installées sur un petit carré d’herbe le long de la bretelle d’entrée du périphérique à hauteur de la porte de Saint-Ouen. Il y aurait vingt-cinq familles syriennes qui dorment ici depuis des semaines, dans une extrême précarité. Les ordures jonchent le sol à côté de quelques couvertures et packs d’eau. Des enfants en bas âge jouent dans l’allée empruntée par des bus qui foncent au dépôt.

Ce jour-là, une quinzaine d’hommes et de femmes attendent dans le vacarme du trafic autoroutier. D’autres discutent de l’autre côté de la route, sur le terre-plein de la station de terminus d’autobus. De nouvelles tentes ont été montées dans la nuit, là, sur l’espace étroit entre les deux côtés de l’avenue qui relie les Maréchaux à l’échangeur du périphérique. Des mères de famille se tiennent debout au feu de circulation. Elles attendent l’arrêt des véhicules qui sortent de Paris pour mendier quelques sous. Isolés dans ce confinement de Paris, ces Syriens sont visibles par tous mais vus par personne.

Deux cents migrants en avril 2014, puis deux cents en juillet et soixante de plus, un an plus tard en juillet 2015. Arrivés par vagues, ces réfugiés syriens se sont tous rassemblés porte de Saint-Ouen. D’abord du côté audonien du périphérique, puis du côté parisien. Beaucoup d’entre eux disent être arrivés ici, à proximité du plus grand marché aux puces d’Europe, grâce à des connaissances. Artisans et commerçants pour la plupart, ils se sont transmis l’information de ce point de chute par téléphone et par Facebook. (...)

Quelques mètres plus loin, un monde qui ignore totalement celui-là : celui des antiquaires et des touristes américains qui achètent à prix d’or meubles anciens et objets d’art. (...)

Si ces Syriens bénéficient des dons et du soutien de la mosquée de Saint-Ouen, aucun réseau de prise en charge ne s’est véritablement constitué autour d’eux. Chérihane Kawaf, jeune française d’origine syrienne, est venue faire la traduction. Elle envisage avec quelques amis de former une association pour leur venir en aide. Ces réfugiés disent pourtant ne manquer ni de nourriture ni de vêtements, mais demandent seulement un hébergement digne, « avec une adresse », insiste Bilal, « pour recevoir les courriers de l’Ofpra » et faciliter leur procédure de demande d’asile.

Des soins et une prise en charge médicale leur font également défaut. En particulier pour l’une des leurs. Assise sur une vieille couverture à même le sol, cette femme enceinte semble bientôt au terme de sa grossesse. Elle n’a encore bénéficié d’aucun suivi médical mais dit qu’elle sait qu’en cas de besoin elle peut se rendre à l’hôpital Bichat, dont les tours se dressent juste au-dessus d’eux.