
Dans une étude portant sur des personnes âgées, des chercheurs ont mis en évidence un risque de maladie de l’œil associée à la destruction progressive du nerf optique en cas de forte exposition à la pollution atmosphérique, notamment aux particules fines. L’impact serait avéré même à des niveaux inférieurs aux seuils réglementaires actuels de l’Union européenne.
des chercheurs de l’Inserm* se sont intéressés au risque associé de glaucome, une maladie neurodégénérative du nerf optique dont la principale caractéristique est un amincissement de la couche des fibres nerveuses de la rétine et qui représente la deuxième cause de cécité dans le monde après la dégénérescence maculaire liée à l’âge. (...)
« Un argument supplémentaire en faveur de la baisse des seuils réglementaires européens »
Dans le cadre de cette étude publiée dans la revue Environmental Research, ces personnes ont bénéficié d’examens oculaires tous les deux ans entre 2009 et 2020, afin de mesurer l’évolution de l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses de leur rétine. Par ailleurs, leur exposition à la pollution atmosphérique au cours des 10 années précédentes a été déterminée à partir de l’adresse de leur domicile, à l’aide de cartographies d’exposition annuelle pour chaque polluant. Ces cartographies détaillées, ayant une résolution de 100 mètres, ont été réalisées à partir des mesures de stations de contrôle de qualité de l’air et de caractéristiques météorologiques et géographiques (proximité d’une route, densité de population, distance de la mer, altitude…). Selon les résultats obtenus, les personnes ayant été exposées à des concentrations plus élevées de particules fines avaient au cours du temps un affinement plus rapide de la couche nerveuse rétinienne : celles exposées à une concentration de 25µg/m3 aux PM2,5 avaient une diminution plus rapide de l’épaisseur de cette couche en comparaison à celles exposées à une concentration de 20 µg/m3. (...)
Pollution de l’air : les députés européens demandent des règles plus strictes
Pour rappel, les députés de la commission de l’environnement au sein du Parlement européen ont récemment voté en faveur de l’abaissement des seuils de plusieurs polluants à l’horizon 2030, pour plusieurs polluants, dont les particules fines, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre (SO2) et l’ozone (O3), « afin de garantir que la qualité de l’air dans l’UE ne soit pas nocive pour la santé, les écosystèmes naturels et la biodiversité. » Les députés ont aussi affirmé que les prochaines révisions de cette directive devront garantir un alignement sur les dernières lignes directrices de l’OMS sur la qualité de l’air. « De façon plus générale, notre étude documente les effets des polluants atmosphériques sur le vieillissement neurologique. En prenant l’exemple du vieillissement oculaire, elle suggère qu’une exposition à des concentrations élevées de polluants au cours du temps pourrait mener à une accélération du vieillissement neurologique, comme cela a été observé dans des études sur le vieillissement cérébral. », ajoute Cécile Delcourt, directrice de recherche à l’Inserm, dernière autrice de ces travaux. (...)
La prochaine étape pour les chercheurs consiste désormais à élargir le terrain d’étude à l’échelle nationale (...)