
Députée de Charente, en tant que rapporteure, vous venez de publier une mission d’information sur « le rôle et l’avenir des commerces de proximité dans l’animation et l’aménagement des territoires ». Quels sont pour vous les grands enseignements de cette étude ?
Je vois deux grands enseignements. D’abord, le commerce en France se porte bien. Son chiffre d’affaires pèse autant que celui qui est réalisé par l’industrie. Cependant, il souffre d’une inégale répartition sur le territoire français, souvent lié à des facteurs de perte démographique, de déprise économique, de manque d’intégration à une politique plus large d’aménagement de son quartier d’insertion. Cela donne lieu à des recommandations souvent liées à des réponses locales qui pallient des situations locales.
Comment se définit la proximité sur le plan commercial ? N’y a-t-il pas parfois opposition entre centralité et proximité ?
La notion de « proximité » commerciale a changé de visage au fil de l’évolution de l’urbanisation des cinquante dernières années, cela ne date donc pas d’hier… De fait, les « centres » sont à la fois géographiquement ceux des villes anciennes, mais aussi des secteurs « accessibles » selon les usages et modes de consommation des citoyens, sur leur « parcours » entre travail, écoles, services administratifs ou de santé, ou autres activités… établis, il faut bien le dire, désormais souvent en « sorties » de villes, elles-mêmes rattrapées depuis par des quartiers pavillonnaires…
Nous devons donc regarder aujourd’hui ces zones dites « périphériques » comme des enjeux de reconquête de la ville, de l’urbanité. Ces « quartiers » pourraient voir muter des espaces mono-fonctionnels au service de la lutte contre l’artificialisation des sols et de manière complémentaire en termes de services (et de commerces etc…) aux centres-villes plus anciens.
(...) la « périphérie » (qui ne l’est souvent plus, rattrapée elle-même par de la ville récente), est à mon sens un sujet de projet urbain global en lui-même, à construire en fonction du centre-ville existant et de ses propres fonctions, à coordonner.
Le virage de la digitalisation a été pris, de nombreuses études le montrent comme celles du CREDOC qui analyse ce phénomène depuis les années 2010. Mais aujourd’hui, tout comme la répartition physique inégale en France, l’adaptation de l’activité des commerçants indépendants et des TPE aux outils numériques est inégale. Aussi bien en termes de budget que de support technique et de recrutement. Nous faisons ainsi des recommandations visant à démocratiser l’usage de ces outils d’une part, mais aussi en rappelant la nécessité d’harmoniser les taxes entre commerce électronique et physique, qui se décide au niveau européen. (...)