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Le Monolecte
La loi des riches
Article mis en ligne le 25 juin 2016
dernière modification le 23 juin 2016

Quand j’entends dire que le Code du travail est trop compliqué et que ses lois sont trop contraignantes, je me demande souvent de quoi on parle.
Et surtout QUI parle.

Parce que bizarrement, dans ma vie de salariée qui remonte pourtant à des temps où le droit du travail était nettement moins assoupli qu’aujourd’hui, je n’ai jamais eu l’impression que les patrons étaient tellement brimés dans leurs élans dictatoriaux.

De l’intériorisation de la loi

Toute cette Loi travail est bâtie sur un immense malentendu : celui qui voudrait nous faire croire que la vraie vie se passe comme sur le papier et que chacun d’entre nous se comporte exactement comme cela est prescrit dans les modèles économiques, les études de marché ou les Tables de la loi.

Il est vrai que lors de plusieurs séjours chez nos voisins teutons, j’avais été éberluée par leur tendance lourde à vouloir tendre le plus possible vers la conformité règlementaire et j’avais été impressionnée par l’absence de piétons anarchistes traversant une rue déserte quand le petit bonhomme est rouge.
Cela dit, ils ont quand même une police, des prisons et des syndicats qui laissent penser que tout ne se déroule pas dans le calme et l’ordre auxquels l’humain civilisé peut légitiment aspirer.

Étant gosse en zone frontalière, j’avais aussi remarqué que nos voisins suisses — tellement policés dans leur pays à vaches violettes — relâchaient nettement leur autodiscipline dès qu’ils passaient la frontière et se permettaient des comportements délinquants dès qu’ils respiraient notre anarchique air latin, comme jeter des papiers par terre ou griller les feux rouges en passant par les trottoirs, selon l’inspiration du moment. (...)

Dans les faits, les entreprises sont avant tout des sociétés ultra hiérarchisées qui fonctionnent strictement sur un modèle féodal et forcément, le législateur y est essentiellement vu comme un perturbateur, un empêcheur d’exploiter en rond. On a un peu le même problème avec le concept de propriété privée qui est fondamentalement incompatible avec une démocratie réelle.

Donc, il y a le Code du travail, avec son temps de travail, son salaire minimum, la sécurité, la santé, la formation, et de l’autre, il y a l’entreprise et les milliers de gus qui grattent à la porte pour y décrocher le contrat qui leur permettra de survivre un peu dans une société où tous les besoins fondamentaux sont marchandisés.

Alors, sans qu’il y ait forcément la mise en place d’un rapport de forces très voyant, tout le monde se met assez rapidement d’accord sur les petites entorses que l’on peut faire à la loi. Et on le fait tous (...)