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La grève pour le climat s’épanouit dans les rues de Paris
Article mis en ligne le 24 février 2019

Des milliers de lycéens, étudiants et collégiens ont défilé vendredi 22 février à Paris, rejoignant le mouvement international de grève pour le climat lancée par Greta Thunberg en Suède. « En 2050 vous serez morts, pas nous », ont-ils notamment crié.

Il n’est pas encore 8 heures, ce vendredi 22 février 2019. Les premières lueurs du soleil illuminent des pans de la rue de Lille, dans le 7e arrondissement de Paris. Du côté ombragé de la voie, une petite trentaine d’étudiants longent le trottoir à pas de loup. Leur chemin s’arrête au niveau du siège de la Caisse des dépôts et consignation. Ils déploient prestement un calicot où se dessine « Préparons la décroissance énergétique » et s’assoient à même le sol, agglutinés au pied du parvis. Les agents de sécurité, amusés par le tintouin, ferment les grilles métallique de l’institution financière. Un essaim de journalistes et de photographes tourbillonne autour des manifestants.

Un mégaphone passe de main en main, amplifiant la voix d’étudiants préposés à la lecture des revendications. Ils récitent leur 2e leçon au gouvernement, publiée par Reporterre, et s’insurgent de l’inertie du gouvernement devant « la catastrophe écologique » en cours. Ils somment les dirigeants français et du monde entier d’impulser illico « une décroissance énergétique » :

«  Notre système économique mondialisé consomme une quantité d’énergie inconcevable pour produire et faire circuler les marchandises, les informations, les capitaux et les humains au sein d’une course folle et insensée pour la création de richesse, lisent-ils. Afin de produire cette énergie, nous mobilisons essentiellement des ressources non renouvelables : pétrole, charbon, gaz, uranium… Il devient évident que leur raréfaction prochaine causera des crises à répétition et un appauvrissement généralisé. De plus, les énergies fossiles contribuent à une augmentation des températures dont nous ignorons encore l’ampleur des conséquences — tout ce que nous savons, c’est qu’elles seront désastreuses. »

Les poings sur les hanches, un représentant de la Caisse des dépôts les tance : « Quels sont vos projets ? Pourquoi la Caisse des dépôts ? On a appelé la police. Plutôt qu’ils vous soulèvent, je vous demande gentiment de partir. » Une voix s’élève et rétorque : « Nous vous demandons de cesser de financer des projets écocides avec de l’argent public ». Fin du dialogue, personne ne bouge. (...)

A quelques mètres, des uniformes bleus marine apparaissent. Deux agents, puis trois fourgons. Une petite enceinte délivre alors une ode à la police : le morceau « Planquez-vous », de la chanteuse Keny Arkana. Les policiers constatent que l’entrée secondaire reste accessible aux salariés et n’interviennent pas. Les manifestants plient bagage, de leur propre chef, à 10 h 30. Ils rallient le siège social d’EDF, avenue de Wagram, où ils entament un sit-in.

En fin de matinée, place de la République, un groupe de lycéens orne la statue d’une pancarte « Lycée Jaurès Montreuil, chaud devant ! Les États resteront-ils froids ? » Ils attendent de pied ferme Greta Thunberg, figure de proue de la lutte contre le changement climatique. L’adolescente suédoise apparaît aux alentours de 11 h 30 aux côtés de Kyra Gantois et Anuna de Wever, visages du mouvement climat en Belgique, de l’Allemande Luisa Neubauer ou encore d’Ysee Parmentier, collégienne en Tarn-et-Garonne. Dans la cohue, une nuée de caméras, de perches, de micros, de dictaphones et de calepins les encercle précipitamment. L’organisation tend un cordon de sécurité, tant bien que mal, et tente de contenir l’ardeur médiatique. (...)

Dans le sillage de Greta Thunberg, ils sont des milliers à défiler. Des sifflets et des percussions couvrent les pas d’un bruit de fond enivrant et carnavalesque. (...)

Après la marche, Greta Thunberg et les représentantes allemandes et belges ont été reçues par Emmanuel Macron. Sans la délégation française, qui tenait à retransmettre la rencontre en direct sur un réseau social. L’Elysée a refusé d’accéder à cette demande.

Suite à l’entrevue, François de Rugy a déclaré sur BFM que « les jeunes ont raison, on n’en fait jamais assez. Je comprends cette impatience, je souhaite qu’on puisse vraiment déclarer cette mobilisation générale. » Les 15 et 16 mars prochain, le voeu du ministre de la Transition écologique pourrait se réaliser : deux grandes journées de mobilisation internationale sont prévues pour en finir avec l’inaction politique.

Lire aussi : NOS ENFANTS APRÈS NOUS Inédite, la mobilisation de dizaines de milliers d’adolescent(e)s qui se mettent, littéralement, en grève des cours pour défendre un avenir vivable, est la meilleure nouvelle depuis des lustres. Et toutes et tous n’allons pas tarder à être frappé(e)s. Témoignage. (...)

Voir la video :
"Si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé."
Pierre Larrouturou propose la création d’une banque européenne du climat.