
Vendredi 29 novembre, partout en France, des militants se sont mobilisés contre le Black Friday, bloquant l’accès à de grandes enseignes commerciales. Plusieurs groupes ont particulièrement ciblé Amazon. Mais les consommateurs n’ont pas toujours apprécié ces actions écologistes
Reporterre a suivi en continu durant la journée de vendredi 28 novembre les actions du « Block Friday ». Lire ici. Nous faisons ci-dessous, une synthèse de la journée. (...)
Dès 7 h 30, à Saint-Priest près de Lyon, plus de 200 militants d’Attac, d’Extinction Rebellion, de Greenpeace, d’ANV-COP21 et de Youth for Climate ont bloqué l’accès à l’entrepôt d’Amazon, afin de « dénoncer la surproduction et l’injonction à la consommation ». En fin de matinée, ils ont été violemment expulsés par les forces de l’ordre. Hélène, street medic âgée d’une cinquantaine d’années, racontait à notre reporter : « En 20 secondes, j’ai vu deux poignets tordus, j’ai pris un coup de matraque sur mon crâne alors que je suis medic. On compte plusieurs entorses au poignet, un coquard et des hématomes. Les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogène sur la porte arrière. »
Dans un communiqué, le porte-parole d’Attac Raphaël Pradeau a dénoncé ces interventions violentes : « Ce matin, des centaines de policiers ont été déployés partout en France pour protéger les intérêts d’Amazon et déloger sans ménagement des militant·e·s non-violent·e·s. Est-ce le rôle de la police de défendre une multinationale qui échappe à l’impôt, détruit des emplois et saccage la planète ? » (...)
Une action de blocage similaire a eu lieu à Clichy, près de Paris, où se trouve le siège social de la multinationale, ainsi que près de Lille. À Nantes, Toulouse ou Montpellier, des casiers destinés à stocker les colis d’Amazon ont été neutralisés, avec comme slogan : « Un locker qui disparaît, c’est une librairie qui renaît ! » La veille, jeudi 28 novembre, une centaine d’activistes avaient bloqué l’entrepôt d’Amazon à Brétigny-sur-Orge (Essonne). Ils avaient été délogés par les forces de l’ordre en fin d’après-midi. Huit d’entre eux sont restés 24 h en garde à vue. (...)
En parallèle, de nombreux groupes ont fortement perturbé l’opération Black Friday à travers la France, notamment en bloquant de grandes enseignes commerciales. (...)
Au centre commercial Les 4 Temps, à La Défense, près de Paris.
Nombre de clients n’ont cependant pas compris les actions menées, et les tensions ont parfois été vives, certains en venant aux mains pour forcer les blocages. « Je ne sais même pas pourquoi ils me bloquent et me méprisent comme ça, regrettait Jimmy, venu faire les boutiques à La Défense. Je fais ma vie, le Black Friday pour des étudiants, c’est l’occasion de s’acheter des vêtements à moitié prix, ce n’est pas négligeable. » Un mur d’incompréhension s’est dressé entre les « Black Friday » et les « Block Friday ». Quand les activistes ont lancé un slogan « Écologie libérale, enfant du capital », des passants se sont arrêtés, visiblement sceptiques : « Mais qu’est-ce qu’ils racontent ceux-là ? » Si plusieurs boutiques ont dû baisser leur rideau, le centre commercial est resté noir de monde toute l’après-midi. (...)
Malgré ces multiples opérations policières, les organisations mobilisées sont parvenues à troubler ce vendredi 29 novembre. « Pour la première fois en France, nous avons réussi à faire entendre un autre son de cloche pour le Black Friday », estimait ainsi Attac dans un communiqué.
Ironie du calendrier, les premières discussions sur la loi relative à l’économie circulaire, texte phare du gouvernement en matière de consommation, se tenaient ce vendredi au sein de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. « Malgré l’ambition affichée, les premières discussions de ce texte sont particulièrement décevantes », notaient les Amis de la Terre dans un communiqué.
« Les députés ont rejeté ce matin l’amendement qui proposait de réduire le niveau de production de produits neufs proposés à la vente. Ils ont refusé le moratoire sur l’extension des entrepôts de l’e-commerce et les zones commerciales. Ils n’ont pas voulu interdire le renvoi des invendus au recyclage », écrivaient-ils.
Pour Alma Dufour, chargée de campagne aux Amis de la Terre : « Si les discussions en plénière, prévues pour les jours à venir, confirment cette tendance, la mandature d’Emmanuel Macron sera définitivement marquée par le sceau du double discours. »
JOURNÉE DE GRÈVE MONDIALE POUR LE CLIMAT
Ce vendredi 29 novembre était aussi la quatrième grève mondiale pour le climat. (...)