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La finance, mère de toutes les manipulations
Michel Santi Economiste indépendant
Article mis en ligne le 31 août 2012
dernière modification le 28 août 2012

Une liste -qui ne prétendrait pas être exhaustive- des escroqueries et malversations du monde de la finance dévoilées sur la seule période du printemps-été 2012 serait éloquente.

Commençons avec un cas ayant duré tout aussi longtemps que l’arnaque de Madoff, à savoir celle commise par le patron de Peregrine Financial Group, qui volait purement et simplement les avoirs de ses déposants afin de construire des bureaux à 18 millions de dollars ou de payer des amendes imposées par les autorités de régulation, tant et si bien que seuls 5 millions restaient sur les comptes de ses clients, supposés se monter à 200 millions de dollars !

Escroquerie comparable du reste à celle, rendue publique à l’automne 2011, dite MF Global, si ce n’est que c’est là une somme de l’ordre de 1600 milliards qui manquait à l’appel.

Évoquons ensuite les pertes illégitimes de 9 milliards de dollars encaissées sur cette période considérée de 2012 par un trader de JP Morgan Chase surnommé London whale, soit la baleine de Londres...

Ou l’exemple choquant d’un des premiers établissements bancaires au monde, HSBC, qui devait se révéler un récidiviste du blanchiment d’argent. En effet, malgré des mises au pas en 2003 et en 2007 de la part des autorités américaines, cette banque poursuivit ses relations avec des trafiquants de drogue et avec des entreprises suspectées d’entretenir des liens avec des terroristes, jusqu’à ce que le Congrès des États-Unis sonne la fin des réjouissances en cet été 2012.

Mentionnons également au programme du printemps 2012 l’arnaque de la société de cartes de crédit Capital One, obligée de rembourser 210 millions de dollars pour avoir abusivement distribué ses produits aux consommateurs américains.

Concluons cette liste par la mère de toutes les manipulations, dite du Libor

En effet, menacée d’être poursuivie par la justice britannique et américaine pour avoir falsifié le taux d’intérêt de référence appelé London interbank offered rate, la banque Barclays devait payer en Juillet 2012 près de 500 millions de dollars aux États-Unis et au Japon en règlement amiable de ce litige. (...)

Les banquiers -qui ne peuvent blâmer qu’eux-mêmes pour leur perte totale de crédibilité- font courir un risque immense à l’ensemble du système financier capitaliste qui repose intégralement sur la confiance. En effet, sans cette confiance précieuse, c’est l’ensemble de l’édifice qui implose, c’est l’argent en circulation (ou monnaie "fiduciaire") qui perd toute sa valeur, et c’est la totalité des instruments financiers qui sont condamnés à être vendus à l’encan. (...)

Cet univers de la finance est aujourd’hui devenu si imbu de ses prérogatives et de son pouvoir sur nos vies qu’il ne mesure son succès qu’à l’aune de ses profits. Persuadé effectivement que plus il gonfle ses bénéfices et plus son utilité publique est confortée, il se retrouve emmuré dans une fuite en avant schizophrène, dont le seul avantage est qu’elle l’emmène droit vers son auto destruction.

Voilà pourquoi scandales et escroqueries perdurent -voire s’amplifient- cinq ans après le déclenchement de la crise financière la plus aigüe en un siècle.
(...)

Un sondage tout récemment mené par un cabinet d’avocat américain, Labaton Sucharow, auprès de 500 banques et sociétés financières aux États-Unis et en Grande-Bretagne, se révèle à cet égard époustouflant. C’est ainsi que 24% des responsables interrogés admettent l’existence de la fraude comme condition du succès. Par ailleurs, 70% des personnes sondées estiment les autorités de régulation et de dissuasion totalement incompétentes. Il y aurait, en d’autres termes, de multiples raisons pour ne pas commettre de fraudes. La crainte de se "faire pincer" ne serait cependant pas un motif suffisant de ne pas mentir ou de ne pas voler car la sanction serait quasiment nulle.