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"La dette, la dette, la dette !", cet argument antisocial que l’on vous rabâche est bidon
Article mis en ligne le 9 août 2019

Voici pourquoi les partisans du remboursement de la dette par l’austérité budgétaire sont des charlatans.

"Parce que la dette". Tel est l’argument absolu des partisans des politiques anti-services publics et anti-protection sociale.

Première lame des ciseaux : ils s’en servent pour refuser toute mesure de justice sociale. Par exemple, si vous expliquez qu’un tiers du personnel hospitalier est en risque de burn-out (source : ANFH) et qu’il est donc urgent de recruter davantage, ils vous répondront que c’est impossible "parce que la dette".

Seconde lame : ils s’en servent pour présenter leurs réformes antisociales comme des mesures inévitables de saine gestion. Par exemple, si vous rappelez que les aides sociales sont indispensables pour limiter la pauvreté, puisque sans elles la pauvreté toucherait 24% des Français au lieu de 14% (Eurostat), ils vous répondront qu’il faut quand même les baisser "parce que la dette". Ainsi essaient-ils d’enfermer le débat politique dans une camisole de fer : si vous êtes d’accord avec eux vous êtes un gestionnaire vertueux ; si vous n’êtes pas d’accord vous êtes un panier percé irresponsable. (...)

D’abord, leur façon de compter la dette des Etats est absurde. (...)

surtout, l’idée qu’on puisse rembourser la dette publique grâce à d’énormes saignées dans nos dépenses publiques est en soi une idiotie. A titre d’exemple, si la France arrivait, au prix d’une austérité sans précédent, à dégager un excédent budgétaire d’environ 1% du PIB et le consacrait à rembourser sa dette publique, cela prendrait environ...100 ans ! Qui peut croire sérieusement à pareil scénario ? Cela suffit à prouver que les partisans du remboursement par l’austérité budgétaire sont des charlatans.

Il y a une alternative. La dette publique de la France, et plus largement celle des pays de la zone euro, peuvent parfaitement être résorbées sans politiques antisociales d’austérité. Il suffit pour cela que la Banque centrale européenne (BCE) rachète les dettes aux prêteurs grâce à la création monétaire (la "planche à billets") ; et qu’une fois rachetées, elle les efface. C’est légal, car la BCE a déjà le droit de racheter des dettes publiques à des créanciers : elle l’a d’ailleurs déjà fait ces dernières années. (...)

Pour mémoire, la BCE a déjà créé rien qu’en 2017 720 milliards d’euros pour soutenir les banques privées (...)

Le grand argument habituel contre cette alternative est bien connu : "la planche à billets provoquera de l’hyperinflation !". En réalité, c’est faux. Tant qu’elle garde des proportions maîtrisées, la création monétaire ne provoque pas d’hyperinflation (...)

De surcroît, dans l’économie telle qu’elle est et pas telle qu’on la fantasme, ce qui provoque l’hyperinflation, c’est l’écroulement de la confiance des ménages et des investisseurs dans l’économie du pays, qui se traduit par la fin de la confiance dans la valeur de la monnaie elle-même. (...)

Jadis Molière décrivait les médecins de son époque comme des charlatans cachant leur ignorance derrière des formules obscures en latin, et qui n’étaient bons qu’à multiplier les saignées sur les malades au risque de les tuer. Mutatis mutandis, les partisans des privatisations, des politiques anti-services publics et des politiques anti-protection sociale sont les médecins de Molière d’aujourd’hui : eux aussi justifient des mesures mortifères avec du charabia pseudo-expert ; et eux aussi sont de dangereux charlatans.