
On nous parle de république, on nous parle de démocratie, on nous parle de citoyenneté, on va même jusqu’à nous parler de « l’esprit du 11 janvier ». . . on nous parle de choses qui se font rares ou qui n’existent pas.
Nos élus, et François Hollande en particulier, exaltent les grandes valeurs communes, flattent en permanence le citoyen, mais organisent méthodiquement l’impuissance et l’asservissement des français face à la tyrannie du marché. Les fossoyeurs de la démocratie avancent masqués et abrités derrière le paravent commode des institutions européennes, institutions qu’ils ont mis en place et dont ils ont contribué à asseoir et accroître l’autorité par leurs renoncements systématiques et par une forme de démission politique permanente.
François Hollande se gargarise de grands mots pour mieux cacher la lâcheté et l’indigence d’une politique qui se plie au diktat des banques et des firmes. F Hollande évoque « le respect du vote du peuple grec qui a été clair, fort, et qui a voulu signifier que l’austérité comme seule perspective n’était plus supportable » mais réaffirme que les engagements de la Grèce doivent être tenus et ne réagit pas face à la décision de la BCE de ne plus honorer les titres publics détenus par des banques grecques. Il pousse même le cynisme jusqu’à proposer au gouvernement grec l’expertise des services du ministère des finances, si performants en matière de réforme fiscale. Les banquiers de la BCE ont pris le pouvoir et le font savoir. La monnaie est le premier des biens publics et ce bien est confisqué. La banque centrale en asséchant volontairement l’économie grecque signale au reste de l’UE quelle entend bien désormais être le maître des lieux et le décideur en dernier ressort de la destinée du peuple grec et des peuples européens.
La Troïka ne veut pas de politique alternative, toute la violence des marchés financiers doit pouvoir s’exercer avec le concours de la force publique des gouvernements libéraux. Si les créanciers de la Troïka devaient avoir le dernier mot et faire ainsi échec à la volonté de changement manifestée par le succès de Syriza, ce serait clairement un avis de décès pour les démocraties en Europe entériné par les chefs d’Etat et de gouvernement.
Les médias, qui n’en finissent pas de clamer « Je suis Charlie » et de louer en chœur la gestion de l’après-évènement par François Hollande (faire défiler pour défendre la liberté quelques criminels et dictateurs notoires est effectivement une prouesse diplomatique tout à fait remarquable ; on serait tenté de dire « Merci pour ce moment ! ») semblent se satisfaire de cette situation et contribuent puissamment à accentuer la crise de la représentation démocratique et la schizophrénie ambiante. Après avoir été vilipendé, le Président est aujourd’hui magnifié ; et il se prend au jeu. François Hollande, tout gonflé du sentiment de sa réussite nouvelle, exalté par tant de reconnaissance subite, tant de louanges inespérées, laisse définitivement la normalité derrière lui et entreprend de se hisser avec toute la gravité et la solennité requises sur les hauteurs ultimes de sa fonction. Il n’est plus que verbe, totalement déconnecté, détaché des réalités tristes et des désillusions engendrées par la politique de son gouvernement ; et il veut « continuer les réformes, continuer autant que ce mandat durera ». Ce personnage, élu par le peuple de gauche, en devient presque fantasmagorique, tant il paraît éloigné du quotidien vécu par ses concitoyens. Il incarne la trahison et la capitulation du socialisme français devant l’idéologie libérale, il incarne la nocivité, la perversité de nos institutions, il incarne la dépossession démocratique subie par le peuple grec.