
Retour des manifestations anti-immigration et salut nazi du leader du Parti pour l’Indépendance du Royaume-Uni
Depuis quelques semaines des manifestations racistes ont repris au Royaume-Uni. L’an dernier déjà, le pays avait été secoué par les pires émeutes depuis 10 ans. Lors de ces violences anti-immigration, des groupes d’extrême droite attaquaient des commissariats, des librairies, pillaient des magasins, tabassaient des personnes non-blanches et s’en prenaient à des mosquées ou des centres d’accueil pour réfugié-es.
À peine quelques semaines après la percée historique de l’extrême-droite aux élections, où le parti de Nigel Farage, Reform UK, était passé de 1,8% à 14% en pompant les voix de la droite classique, ces émeutes signaient la fin du mirage d’une Angleterre épargnée. Longtemps marginalisée chez nos voisins, l’extrême droite violente s’y organise et passe à l’acte désormais.
Le retour des émeutes racistes (...)
Les manifestants réclament la fermeture des hôtels hébergeant des réfugié-es et la “remigration”, cette marotte de l’extrême droite qui signifie littéralement la déportation massive des personnes immigrées et de leurs descendants. À Londres et Manchester, des milliers de militants et militantes antiracistes ont également afflué pour défendre les réfugié-es contre les racistes, et des affrontements ont éclaté.
Le 8 août c’est donc lors de l’une de ces manifestations que Nick Tenconi, le leader de l’UKIP, autoproclamé parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, a réalisé un salut nazi filmé en direct et publié sur son compte X. (...)
Comme lors du salut nazi d’Elon Musk qui avait défrayé la chronique, les explications de Nick Tenconi ne trompent personne (...)
La politique xénophobe du gouvernement travailliste
Le 3 août, afin de calmer la grogne, le gouvernement britannique s’est empressé d’annoncer 100 millions de livres sterling supplémentaires pour lutter contre les traversées illégales de la Manche. La politique raciste et ultra répressive du gouvernement travailliste de Keir Starmer n’a plus grand chose à envier aux partis d’extrême-droite.
Le 12 mai 2025, après de nouveaux succès électoraux de Reform UK, il avait d’ailleurs déclaré “Nous reprendrons le contrôle de nos frontières”, soit littéralement le slogan du parti d’extrême-droite, alors même qu’il déclarait quelques années auparavant “Je défendrais toujours les droits des migrants”. Le virage est serré.
Au début de l’été, un accord “d’échanges” avec la France a été signé après la venue du président Macron. (...)
Chaque année, des dizaines de personnes meurent en traversant la Manche. Une femme en est décédée la nuit du 12 août, il s’agit de la 28ème victime de l’année. Là devrait être l’urgence. Les associations de soutien aux personnes en migration ont d’ailleurs dénoncé cet accord, qui va à l’encontre du droit international en matière de protection des réfugié-es.
Si Keir Starmer a abandonné l’ignoble projet, porté par le gouvernement conservateur précédent, d’envoyer les personnes entrées illégalement dans le pays au Rwanda, il n’a pas hésité à se rendre chez la présidente d’extrême-droite Giorgia Meloni il y a peu pour prendre des conseils sur l’immigration. (...)
Il a également annoncé l’allongement de la durée nécessaire pour obtenir la nationalité britannique (passant de 5 à 10 ans), la fin du recrutement à l’étranger du personnel de santé, et la mise en avant du “devoir d’intégration”. Sacrifier des milliers de personnes sur l’autel de l’électoralisme, voilà le choix que fait Keir Starmer.
Le Royaume-Uni, c’est aussi le pays qui réprime le plus sévèrement les opposant-es politiques en Europe. (...)
Ainsi le Royaume-Uni, comme une large partie du monde, continue sa marche forcée vers l’extrême-droitisation de son échiquier politique. Petite lueur d’espoir, les mobilisations anti-colonialistes restent massives, et le nouveau parti de Jeremy Corbyn, équivalent de LFI, est désormais le premier parti en nombre d’adhérent-es.