
Certaines plantes peuvent extraire du sol les métaux lourds qu’il contient : c’est la phytoremédiation. Le procédé est connu mais pas si simple : il faut choisir les bons végétaux, qui accumulent ces atomes avec une efficacité étonnante. En région parisienne, une expérience menée depuis deux ans affiche un très bon bilan.
Les plantes sauveront-elles les sols pollués ? Une collectivité de l’Oise tente l’expérience de cette méthode douce, visant à concilier reconquête environnementale et politique urbaine. La communauté d’agglomération de Creil a été la première en France, en 2013, à mettre à disposition de chercheurs de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Inéris) près d’un millier de mètres carrés pour conduire des recherches en phytoremédiation, éventail de techniques de dépollution des sols grâce à des plantes dépolluantes. Le site choisi est celui d’une ancienne usine de camping-cars fermée dans les années 1990.
« Lorsqu’on a fait des études de sol, on a trouvé de la pollution qui venait de cette entreprise, mais aussi d’autres activités, car c’était des sols en remblai, pollués ailleurs et reversés ici », raconte Hervé Coudière, directeur général adjoint des services de la Communauté d’agglomération de Creil, en charge de l’environnement. Plantés sur 300 m2 au bord d’un rond-point, les saules des vanniers, aux frêles tiges, et les arabettes de Haller, minuscules végétaux en étoile, ne relèvent pas de la simple coquetterie paysagère : ils supportent sans ployer la pollution au zinc et au cadmium, deux métaux toxiques. « À chaque fois que les plantes refont des feuilles et des tiges, elles absorbent une partie de la pollution », explique Valérie Bert, de l’Inéris, qui mène les recherches. (...)
Une dépollution intéressante pour réoccuper d’anciens sites industriels
Contrairement à d’autres plantes qui bloquent les métaux aux racines, les saules et les arabettes « facilitent l’absorption des métaux, qui montent avec la sève dans les feuilles ». C’est la fraction la plus mobile des métaux, donc la plus susceptible de souiller les nappes phréatiques ou de contaminer d’autres surfaces, qui est ainsi absorbée. D’où vient cette rarissime et précieuse propriété qui pourrait faire économiser des millions d’euros aux collectivités ? « On ne sait pas, ça pourrait être des défenses contre les herbivores, qui sentent les métaux en quantité importante et ne mangent pas la plante », avance Valérie Bert.
Les résultats sont probants après deux ans d’expérimentation.(...)