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La démolition par Israël de maisons palestiniennes près de Jérusalem attise les tensions
Article mis en ligne le 23 juillet 2019

L’Union européenne a enjoint Israël à « arrêter immédiatement les démolitions en cours », estimant que la politique israélienne « affaiblit la viabilité de la solution à deux Etats et les perspectives d’une paix durable » (...)

Résidents et militants ont été évacués et la presse tenue à distance avant que commencent les démolitions. Les crans d’acier des pelleteuses ont alors dévoré au moins trois immeubles de plusieurs étages, dont deux inachevés. « Je veux mourir ici », criait un homme, après avoir été évacué de force. « Même s’ils démolissent toutes les maisons, nous resterons dans la rue », a déclaré à l’AFP Akram Zawahra, propriétaire d’une maison démolie.
Un ouvrage jugé illégal par la Cour internationale de justice

Israël affirme que les immeubles visés ont été construits très près de la « barrière de sécurité » dont il a commencé la construction en 2002, pendant les violences de la seconde Intifada (soulèvement palestinien), pour se protéger des attaques venues de Cisjordanie occupée. Les Palestiniens accusent de leur côté Israël d’utiliser la sécurité comme prétexte pour les contraindre à abandonner la zone et qualifient cette barrière – constituée de barbelés, clôtures électroniques et murs de béton atteignant jusqu’à 9 m de haut – de « mur de l’apartheid ».

A terme, cet ouvrage, jugé illégal par la Cour internationale de justice (CIJ), doit atteindre 712 km de long. Son tracé se trouve à 85 % en Cisjordanie occupée et isole 9,4 % du territoire palestinien, selon l’ONU. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a condamné ces démolitions, évoquant une « une dangereuse escalade contre le peuple palestinien sans défense ». « Cette opération est destinée à couper Jérusalem de Bethléem » dans le sud de la Cisjordanie, a affirmé Walid Assaf, ministre palestinien chargé de la surveillance des colonies israéliennes. (...)

Depuis 1967, Israël occupe la Cisjordanie et Jérusalem-Est, qui a par la suite été annexé, une décision qui n’a jamais été reconnue par la communauté internationale. Le 18 juin, les autorités israéliennes avaient informé certains résidents du quartier de Sour Baher de leur intention de démolir leurs habitations, leur donnant 30 jours pour évacuer les lieux. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), cette décision concerne 10 bâtiments, dont la plupart sont encore en construction, soit environ 70 appartements. Environ 350 personnes sont touchées et 17 autres seront déplacées, selon l’Ocha.
Condamnations internationales

« La politique d’Israël de détruire une propriété palestinienne n’est pas compatible avec ses obligations au regard du droit humanitaire international », a déclaré l’ONU lundi. Une vingtaine de diplomates, pour la plupart de pays européens, se sont rendus le 16 juillet dans le quartier touché, où des responsables palestiniens les ont appelés à empêcher Israël de démolir ces habitations. L’Union européenne a enjoint Israël à « arrêter immédiatement les démolitions en cours », estimant que la politique israélienne « affaiblit la viabilité de la solution à deux Etats et les perspectives d’une paix durable ».

La France « condamne » ces démolitions, « contraires au droit international », a indiqué une porte-parole du ministère des Affaires étrangères. De son côté, l’ONG de défense des droits humains Amnesty International a estimé que ces démolitions « font part d’une politique systématique des autorités israéliennes pour déplacer de force les Palestiniens ». Les habitants de Sour Baher ont dit craindre que 100 autres bâtiments de leur quartier ne soient également menacés dans un avenir proche.
Pénurie de logements

Les autorités israéliennes démolissent régulièrement des maisons palestiniennes qu’elles considèrent comme construites illégalement à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée. Les Palestiniens affirment qu’il est presque impossible d’obtenir des permis de construire de la part des autorités israéliennes et qu’il en résulte une pénurie de logements.

Mais dans le cas de Sour Baher, certains bâtiments avaient été construits avec des permis palestiniens, les terrains sur lesquels ils se trouvent étant sous autorité palestinienne, selon les accords d’Oslo.