
Après l’accaparement des doses de vaccins au début des productions, les pays "développés" ont lancé le programme Covax pour maintenir la logique du marché. La levée des brevets est indispensable pour réussir une vaccination à l’échelle mondiale, protéger, réduire la circulation du virus et partant l’émergence de nouveaux variants qui prolongent la pandémie, mesures restrictives et état d’urgence.
Tandis que l’obligation vaccinale contre le SARS-Cov2 fait son chemin en Europe avec l’Allemagne et l’Autriche en pionniers, ce cinquième pic épidémique, comme les quatre précédents et le nouveau variant omicron occupent l’actualité à toutes les heures du jour et de la nuit nous faisant trembler pour les agapes de fin d’année plus que par sa dangerosité inconnue à ce jour avec toujours et invariablement la ligne bleue de la saturation des hôpitaux, service public, en point unique de toutes les décisions prises si ce n’était de maintenir la loi du profit en temps de pandémie avec une vaccination sous licence privée. (...)
« Les pays riches surenchérissent dans l’achat de vaccins au point de généraliser une troisième dose pour leur population, alors que les autres souffrent de la faible dotation du programme Covax qui vise à mutualiser la répartition des vaccins. Voilà qui prolonge les pertes humaines et favorise l’émergence de mutations du virus qui se propagent vers les pays riches, à l’image d’omicron. » Alternatives économiques, 3-12-21,« Variant Omicron : un retour à mars 2020 ? » (...)
Chacun pour soi, le monde peut attendre
Les labos fabriquant les vaccins à ARN messager nous concoctent sans perdre un instant un vaccin nouveau élaboré sur ce dernier variant dont ni la contagiosité, ni la dangerosité, ni la réponse aux vaccins ne sont connues pour le moment. Bref, de variants en variants nous sommes partis, faute de mieux, pour une vaccination régulière et rapprochée au fur et a mesure des pics cycliques et de l’apparition de nouveaux variants à partir desquels il faut inévitablement du temps pour connaître la réponse à ces trois interrogations majeures. Le schéma de vaccinations successives ne fait plus de doute, l’obligation vaccinale suit et le reste du monde peut attendre.
Chacun pour soi les pays dits développés d’abord !
Les mesures de fermeture de frontières, tentations irrépressibles (menaces et réalités) avec ses nouvelles dispositions restrictives donnent l’impression d’une réponse unique de repli sur soi, quand bien même ces dispositions n’arrêtent aucun variant aux frontières quand quelques heures après sa découverte celui-ci s’invite prestement, via le transport aérien, un peu partout sur la planète. Il faudrait gagner du temps. Du temps pour quoi faire ? Augmenter la capacité des hôpitaux pour accueillir les malades graves ? Espérer un pic prochain plus émoussé ? Que nenni ma foi, tout cela est billevesée. Après la fermeture massive des lits permanents et le développement de l’hospitalisation de jour, après l’obligation vaccinale des soignants et la mise à l’écart des récalcitrant·es, personnels pourtant déjà en faible effectif, avec la lassitude évidente des équipes médicales sur le pont depuis février 2020, les Antilles françaises en état de soulèvement, il ne faut rien attendre de ce côté sinon une réduction de l’accueil et la déprogrammation des interventions prévues réduisant les chances des malades ainsi mis en attente... pour combien de temps... bronchiolites et autres affections hivernales complétant le tableau cyclique, enrôlées dans la peur diffusée pour faire marcher droit.
Nous sommes bien entrés dans un processus itératif, « variant/pic/vaccinations /contraintes sanitaires » sur fond d’état d’urgence permanent. (...)
La prolifération des variants posent inévitablement les mêmes questions dès lors que le suivant parvient à s’imposer dans l’univers impitoyable des virus existants. Nous avons bien compris que la prolifération de variants, leur vitesse de prolifération, résulte avant tout de la circulation du virus. Sa circulation intense amène ces émergences. La vaccination réduit la circulation du virus, les gestes-barrière également. La non-vaccination accélère l’émergence de variants. Ce qui est le cas des pays qui n’ont pas ou si peu accès aux vaccins, notamment les pays les moins vaccinés soit ceux qui ne peuvent pas se les payer rubis sur l’ongle comme nos pays dits « développés » le font.
Nous avons donc pour cette pandémie véritablement mondiale (avec décalage de phases ou de cycles) un réservoir conséquent de pays ne disposant pas ou si peu de doses et de la logistique pour vacciner, qui laisse émerger des variants les uns après les autres malgré un programme onusien financé par les pays dits « développés » : Covax. (...)
C’est la bonne conscience des pays développés qui ont accaparé dès le départ les doses disponibles avant tout le monde, comme pour les masques en 2020. Les pays occidentaux ont raflé les doses pour vacciner leurs populations pratiquant un nationalisme vaccinal du « moi d’abord, les autres après ». Pour sa part, la France a refilé les doses disqualifiées d’Astra-Zeneca sur notre sol pour la population africaine. Nos surplus en somme mais « un marché élargi pour les multinationales » (...)
« Les puissants ont fait des vaccins anti-Covid un enjeu géopolitique »
Ce programme qui enregistre un retard massif n’est pas à la hauteur des enjeux, ni par ses moyens ni dans ses résultats. Ratés pour certains, échec pour d’autres (...)
Le programme Covax n’est pas de la philanthropie, pas une solidarité internationale désintéressée mais un mécanisme de commandes à prix négocié avec les labos qui leur assurent un marché plus vaste avec les fonds de l’aide au développement :
« Les vaccins anti-Covid-19 sont devenus un enjeu crucial pour les grandes puissances, qui, au travers de leurs multinationales, affirment leur hégémonie économique. Cette stratégie se cache derrière des concepts ambigus, tels que le « bien public mondial » (BPM) ou la prétendue solidarité du mécanisme Covax, mais reste ferme sur l’application des droits de propriété intellectuelle (PI), élément essentiel de contrôle du marché. Elle se traduit dans les faits par un soutien financier massif aux multinationales du médicament. Révélant, en pleine crise sanitaire mondiale, le triomphe sans partage du néolibéralisme, avec les États qui se posent en soutien des marchés. » Reporterre. (...)
Levée des brevets - coopération mondiale
Pour sortir de ces cycles désespérants et contraignants qui font fi de l’indispensable solidarité mondiale pour vaincre cette pandémie interminable, il est nécessaire de sortir de la logique libérale en levant ces brevets « bien public » d’ailleurs largement financés par la recherche publique (...)
Les labos producteurs de vaccins s’attribuent le marché mondial en s’assurant d’un prix élevé (pour ce qui concerne les vaccins à ARN messager) comme pour tout traitement novateur (hépatite C...) mais toujours sur des volumes mondiaux et pérennes. Une rente de situation qui assoit un pouvoir considérable sur la santé. Tu payes ou pas de vaccins. Tu payes ou tu meurs. (...)
En France, « Salarié(e)s de l’industrie pharmaceutique, professionnels de la santé, chercheurs, retraité(e)s, journalistes, sociologues, élu(e)s, syndicalistes, militant(e)s politiques ou d’associations... » se sont regroupé·es au sein de « Médicaments, bien commun » pour « contester la marchandisation de la santé et d’arracher les pouvoirs de décision pour répondre aux besoins universels de santé. Pour commencer, travailler sur cet outil de la marchandisation qu’est le brevet du médicament... et pour une appropriation citoyenne active et solidaire de la santé. »
Joe Biden s’est exprimé le 5 mai pour cette levée des brevets vaccinaux. Au contraire « les pays riches, [...] l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Suisse et le Canada, où sont basées les entreprises pharmaceutiques qui produisent ces vaccins (Pfizer, AstraZeneca), s’opposent à la levée des brevets sur les traitements anti-Covid, demandée par l’Afrique du Sud et l’Inde, et soutenue par des dizaines de pays en développement, l’OMS et des universitaires du monde entier pour permettre d’étendre la production de vaccins à tous les pays qui en ont la capacité. »
Nous le voyons, a minima la levée des brevets sur les vaccins - nouveau marché, nouveaux profits pour Big Pharma - est une exigence pour réduire les contaminations et la circulation du virus, protéger les populations et rompre, autant que faire se peut et avec le temps, cette émergence continue de variants qui peuvent, à la faveur de l’un ou de l’autre, remettre en cause l’équilibre de nos protections liées d’abord à l’efficacité vaccinale comme apporter une dangerosité supplémentaire.
C’est à l’échelle-monde que cette pandémie peut être vaincue ou réduite ou à l’opposé demeurée comme menace permanente avec ces restrictions sanitaires en tous genres permanentes, ajustables, atteintes aux libertés. (...)
La logique de coopération doit l’emporter sur la compétition et le marché : une solidarité mondiale embarquée dans le même bateau.