
Un souvenir d’enfance. Nicole Lapierre aborde cette façon de « faire de l’amitié un devoir » ou de lien entre « identité et solidarité ». Elle discute de ressemblance et d’assemblage, « Nous n’avons nullement besoin de nous ressembler pour vivre ensemble », des frontières et des murs, d’intolérance et de méfiance, des nouveaux replis sur fond d’injustice, « Il nous faut donc aller au-delà d’une réponse de principe, pour approfondir la réflexion sur la valeur donnée à la ressemblance ou à la différence, à leur visibilité comme à leur invisibilité, et à ce qui les relie : la comparaison ».
L’autrice poursuit avec le monde enchanté des ressemblances familiales, la « nature évoquée » pour garantir la filiation, le refus des minorités telles qu’elles sont, l’obsession de la visibilité des différences, la tyrannie du regard et l’assignation de place, le miroir aux fantasmes, celles et ceux qui seraient acceptables et les autres…
« A l’opposé, je voudrais monter la nécessité d’une émancipation de la vision où les points de vue se déplacent et les regards se croisent ». Nicole Lapierre souligne que « la comparaison sur fond de hiérarchie et d’inégalité crée de l’injustice et du ressentiment », que l’humanité est « une et plurielle »… (...)
Il m’a semblé nécessaire de m’attarder sur le premier chapitre « Une trompeuse évidence », les sociétés dont les membres devraient avoir une même apparence et une identité prétendue commune, les sociétés prônant l’inclusion autoritaire par l’assimilation des groupes minoritaires, l’idée que l’« autre » devrait être visible ou au contraire invisible… (...)
« En fait, la recherche de l’enfant miroir dans lequel les parents espèrent se voir révèle moins leur rôle de géniteurs que la naturalisation illusoire des similitudes familiales », la filiation et la parenté comme construction sociale, le fétichisme naturaliste des ressemblances familiales, « ces traits communs soulignés et détachés des innombrables différences qui font la singularité de chaque individu », l’hérédité et l’héritage, le système patronymique et la confirmation de la « légitimité » du coté paternel, les liens sociaux et les liens affectifs…
La famille et la nation prise comme une grande famille, le fantasme de la « famille nationale », « Représenter la nation comme une grande famille renvoie à la fois à la nature, à l’émotion et à la hiérarchie », les discours nationalistes et l’idée saugrenue de « souche unique », sans oublier l’illusoire droit du sang contre le droit du sol…
Je souligne les paragraphes sur « les noces de la famille et de la nation », célébrée au détriment des femmes et des étranger·es, la grammaire des liens de parenté mobilisée à des fins politiques. (...)