
Extrait de l’indispensable J’y suis j’y vote, publié il y a maintenant douze ans aux Editions L’Esprit frappeur, le texte qui suit revient sur l’histoire des luttes sociales et politiques menées par les résidents étrangers, au cours du vingtième siècle, pour s’arracher à la situation de non-droit dans laquelle la République les avaient relégués. Il nous a paru utile de le republier aujourd’hui, alors que le combat reprend pour que soit enfin tenue une promesse électorale périodiquement enterrée par la gauche française : le droit de vote des étrangers.
(...) La question des droits civils, sociaux, syndicaux et politiques des étrangers a été l’objet de nombreuses luttes et polémiques en France. Ce sont ces luttes qui ont conduit au passage d’une situation de non-droit quasi-complète à une autre aujourd’hui, où à l’exception des droits politiques (et du droit d’éligibilité aux prud’hommes) les étrangers sont formellement dans les autres domaines des citoyens comme les autres. Le droit d’être élu délégué du personnel ou délégué syndical, de diriger une association ou de siéger dans les conseils d’administrations des caisses de sécurités sociales, etc. , n’ont pas toujours existé. Ces droits soulevaient, il n’y a pas si longtemps encore, de nombreuses objections, même si une fois arrachée par la lutte plus personne ne les remet en cause.
Les moments d’avancées de ce débat et de ce combat ne sont pas neutres. C’est à chaque fois dans les moments de luttes sociales importantes que ces questions ont progressé : 1936, 1945, 1968. A chacun de ces grands moments des luttes sociales en France, l’immigration a participé activement et massivement aux différentes initiatives. La mémoire française reste trop souvent amnésique sur cette contribution aux combats sociaux et aux conquêtes sociales. De la lutte contre le fascisme dans les années 30, aux grèves de 1968 en passant par une participation active au combat antinazi, l’immigration a, chaque fois, été présente activement et massivement. C’est cette participation active aux luttes qui ont fait avancer les droits beaucoup plus qu’une “ prise de conscience ” subite des pouvoirs en place. (...)