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Mediapart
La Ville de Grenoble attaque l’État français pour « son inaction » face à la pollution de l’air
#cancers #pollution
Article mis en ligne le 24 février 2023

À l’occasion d’une conférence de presse à l’hôtel de ville de Grenoble ce jeudi 23 février, la municipalité a annoncé déposer un recours auprès du tribunal administratif de la ville contre l’État. En ligne de mire : le troisième Plan de protection de l’atmosphère adopté l’année dernière.

Cette inaction concerne le troisième plan de protection de l’atmosphère (PPA) national adopté par la préfecture de l’Isère en décembre 2022 mais refusé par la municipalité grenobloise. Elle demande notamment son « annulation et sa réécriture ».

Incorporé dans le Code de l’environnement, le PPA consiste à diminuer les émissions de polluants atmosphériques, notamment les particules fines, et est obligatoire dans les villes de plus de 250 000 habitant·es. Ce plan décentralisé passe le flambeau de la régulation des émissions aux localités, ici la Dreal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) de l’Isère. Dans le département, il concerne 297 communes et 850 000 habitant·es. (...)

Pour Pierre-André Juven, adjoint à la santé de la municipalité, le PPA adopté par la préfecture ressemble « au geste d’un mauvais élève qui refuse de revoir sa copie ». (...)

40 000 morts par an

Il faut dire que Grenoble est particulièrement touchée par la pollution atmosphérique, malgré la mobilisation affichée de la ville dans la lutte contre la pollution de l’air, sous l’égide d’Éric Piolle (Europe-Écologie Les Verts) à la tête de la municipalité depuis 2014.

Dans son rapport 2021, l’Atmo, l’observatoire de la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes, alerte que la population du département de l’Isère « est concernée par un risque sanitaire en PM2.5 [particules fines – ndlr], tandis que 62 % l’est pour le NO2 [dioxyde d’azote – ndlr]. » Des types de particules et composés chimiques reconnus comme augmentant les risques de cancers du poumon.

Santé publique France indique quant à lui que la pollution de l’air ambiant aux particules fines occasionnerait 40 000 décès par an en France. Plus localement, l’agglomération recense « plus d’un décès prématuré par jour » lié au dioxyde d’azote et aux particules fines.

Le Réseau Action Climat et Unicef ont démontré en 2021 que les enfants les plus pauvres étaient « les plus vulnérables à la pollution de l’air ». Un constat que fait la ville de Grenoble : « Les zones en proximité routière sont particulièrement exposées à la pollution de l’air. » L’association Res (...) pire avait notamment noté qu’entre 2015 et 2019, 8 000 établissements scolaires en région Auvergne-Rhône-Alpes « dépassaient les recommandations de l’OMS en matière de pollution aux particules fines et [dioxyde d’azote] ».

Dans son plan municipal de santé de 2016-2020, la Ville établit d’ailleurs que les quartiers prioritaires sont les plus concernés par le remboursement des antidiabétiques oraux. « Aujourd’hui, il y a une inégalité très forte face aux expositions toxiques », déplore Pierre-André Juven.