
Je suis épuisée. Je suis en train de lire une autre longue liste de justifications pour ne pas se masquer de la part d’une personne qui s’identifie comme étant de gauche. La plus souvent répétée ? C’est comme ça, il faut juste l’accepter. Il n’y a rien que nous puissions faire. Il n’est tout simplement pas réaliste d’éliminer le COVID.
Je suis épuisée.
Je suis en train de lire une autre longue liste de justifications pour ne pas se masquer de la part d’une personne qui s’identifie comme étant de gauche.
La plus souvent répétée ?
C’est comme ça, il faut juste l’accepter.
Il n’y a rien que nous puissions faire.
Il n’est tout simplement pas réaliste d’éliminer le COVID.
Est-il réaliste de dé-financer la police ? Est-il réaliste de mettre fin à la production de combustibles fossiles ? Est-il réaliste de faire tomber une oligarchie ? Est-il réaliste d’abolir les frontières ?
Était-il réaliste de lutter contre le Sida ? Était-il réaliste de mettre fin à la ségrégation ?
Est-il réaliste de brûler toutes les compagnies d’assurance privées et de construire un monde avec des soins de santé gratuits, de haute qualité et à la demande pour chaque être humain dans ce pays ?
Est-il réaliste d’arrêter le complexe militaro-industriel et d’investir plutôt des milliards dans des programmes sociaux ?
Vous voyez où je veux en venir.
Nous sommes des militant·es de gauche ! Nous vivons et respirons et combattons et mourons et perdons et gagnons les batailles irréalistes, toujours !
Nous ne sommes pas des modéré·es. Nous ne sommes pas des personnes silencieuses, acceptant, soupirant, embrassant le statu quo, allant à un brunch et roulant des yeux quand nous entendons de grandes idées.
Nous ne nous tenons pas tous la main au Rassemblement Centriste en chantant « De meilleures choses ne sont pas possibles ». (...)
Nous sommes celleux qui entendent les justifications insipides des politiciens mielleux et qui crient « Vous êtes en train de nous tuer ! » jusqu’à ce que quelqu’un nous sorte de la pièce. (...)
Nous sommes celleux qui voient la violence exercée par la police dans nos rues, et nous marchons, et nous crions, et nous rageons, et nous pleurons, et nous revenons et nous recommençons la semaine suivante.
Nous sommes celleux à qui on a dit, enfants, « c’est comme ça », et qui ont répondu « mais ce n’est pas bien ».
Nos camarades sont en train de mourir. Les nôtres. Des centaines par jour. La majorité d’entre elleux sont vacciné·es. La plupart d’entre elleux sont âgé·es, immunodéficient·es ou handicapé·es. Les plus vulnérables d’entre nous. Celleux qui nécessitent le plus de soins.
Des milliers de personnes deviennent handicapées, tout autour de nous, en permanence.
Et les personnes handicapées ne peuvent pas entrer dans les espaces publics en toute sécurité, aucun·e d’entre elleux. Pas même dans nos espaces d’organisation. Pas même dans nos hôpitaux.
Je comprends pourquoi beaucoup veulent détourner le regard. Je l’ai fait aussi. (...)
J’ai eu une boule dans la gorge. Mon esprit s’est emballé. Je ne savais pas alors que le variant Delta présentait déjà un nombre important de mutations sur la protéine spike. Je ne savais pas qu’Omicron allait tuer près de 200 000 Américain·es en moins de 10 semaines. Je ne savais pas alors que Joe Biden allait réussir à baptiser cet hiver « La Pandémie des Non-Vacciné·es ». Je ne savais pas alors que 40% des morts seraient vacciné·es.
Je ne savais pas alors qu’une propagation effrénée engendre des variants, et que les variants engendrent inévitablement une résistance au vaccin. (...)
Je me suis demandé à qui servaient ces récits de la « fin » du COVID.
Je me suis demandé : qui est le plus touché par la pandémie ?
Je me suis demandé : si ce n’est pas maintenant, quand ?
Je me suis demandé, si ce n’est pas moi, qui ?
Et au cours de cette année, beaucoup de choses ont changé pour moi. La première est que je me masque à l’intérieur avec un masque de haute qualité dans les espaces publics, toujours. La deuxième est que j’ai commencé à considérer le COVID non pas comme un désagrément temporaire que je pouvais enfin « surmonter », mais comme une réalité de la vie avec laquelle je devais apprendre à vivre, en toute sécurité, et de manière à minimiser le mal que je fais aux autres. (...)